04202024Headline:

Côte d’Ivoire-: Ouattara, le RDR et Soro oublient un grand serviteur à la Maca

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L’infernal quadrupède avait déjà, à la suite d’une visite à la Maca en milieu d’année dernière, publié un petit papier sur le cas de ce grand serviteur du Rdr qui subit depuis maintenant plus de trois ans, un traitement des plus illégaux. Mais comme « L’Eléphant » a la fâcheuse tendance de revenir souvent plus en profondeur sur certains sujets, il revient encore aujourd’hui sur cette affaire qui discrédite à elle seule, tous les discours sur l’indépendance de la justice ivoirienne. Comment peut-on imaginer en effet, qu’en Côte d’Ivoire, dont on nous annonce l’émergence à grands renforts de tambour, il soit encore possible de détenir un être humain le plus illégalement du monde, en deux temps, depuis novembre 2011 pour une première période de 30 mois (?), puis, l’affaire ayant filtré sur la place publique, fabriquer un dossier judiciaire pour pouvoir le garder un peu plus officiellement, pour une seconde période qui continue actuellement (?)
La Côte d’Ivoire de l’émergence judiciaire… Il y a encore beaucoup de boulot !!!

Voici l’histoire d’un homme qui a occupé des responsabilités dans la rébellion mais qui a eu maille à partir avec un haut dignitaire rebelle… Ça ne pardonne pas !

De Ouattara à Soro Guillaume

Il aurait dû normalement mourir, mais le destin en a décidé autrement. Serrez les dents, on a du mal à croire que ça soit possible !

Il s’appelle Mamadou Sanogo, plus connu sous le sobriquet « le grand Hamed »

Durant sept longues années, il a été l’un des principaux garde-du-corps d’un certain Alassane Ouattara. Lors de l’attaque du domicile, par les escadrons de la mort, le 28 novembre 2000, il sera l’acteur principal, organisant, dans l’extrême urgence, la protection qui a très largement participé à sauver la vie de celui qui est aujourd’hui le roi de l’émergence.

Ces faits d’armes, à l’époque, étaient considérés comme des actions de l’ennemi. En conséquence, Mamadou Sanogo paiera pour avoir sauvé la vie de son patron. Il aura le plaisir de passer quinze mois en prison sous le régime Gbagbo.

Très connu dans la rébellion sous le sobriquet de « Hamed secrétariat » ; il a été le grand responsable du secrétariat du MPCI et également responsable de la sécurité d’un certain Guillaume Soro, alors secrétaire général du MPCI. À cette belle époque, tout baignait, les secrets s’échangeaient dans la confiance et la compréhension entre ces deux hommes.

Par la suite, le « grand Hamed » qui a des principes et qui tient à les respecter, s’est gravement brouillé avec son mentor. Depuis cette rupture, une haine farouche caractérise les rapports entre ces deux personnages.

Les effets d’une haine farouche

Evidemment, quand on a passé des années ensemble, dans le même combat, on sait « des choses », on a été le témoin de tellement de curiosités, bien loin des théories prônées à destination de la presse et des institutions internationales, de tellement de vilénies qui devraient, en principe, rester secrètes, de trahisons, de coups bas et tellement « d’autres choses » pas jolies jolies … ou souvent pas jolies du tout, comme l’origine particulièrement crapuleuse de certains financements ou le brusque départ pour l’au-delà de certains amis !

Quand on ne s’aime plus, on peut comprendre que la partie devenue adverse souhaite ardemment que « ces choses » restent discrètes aussi longtemps que possible et pour ce faire, on est parfois obligé de prendre des dispositions particulièrement odieuses, mais l’impérieuse nécessité du secret vaut bien quelques entorses aux bonnes mœurs … Quant aux droits de l’homme, n’en parlons pas, c’est une affaire des blancs …. Entre nous, on règle nos différends à l’ancienne comme on l’entend ; qui va dire quoi?

C’est ainsi que le 30 novembre 2011, le « grand Hamed » est contacté téléphoniquement par Koné Zacharia (alias Jack) qui lui explique que le Premier Ministre, Guillaume Soro, souhaiterait le rencontrer. La première réaction du « grand Hamed » a été de dire « je ne vois pas ce qu’on a encore à se dire » – Sur l’insistance de Koné Zacharia, il accepte finalement d’aller à ce rendez-vous pour tenter de voir de quoi il pouvait s’agir. Était-ce le dépôt de la balle à terre pour enterrer les vieilles rancunes ? Etaient-ce des éclaircissements pour mieux se comprendre ? Etait-ce une possible promotion pour utiliser les compétences de celui qui avait déjà très largement fait ses preuves et qui disposait d’un vaste réseau d’amitiés multiples ?

Pour en avoir le cœur net, il accepte qu’un rendez-vous soit programmé ; très gentiment Koné Zacharia lui propose de l’emmener dans son propre véhicule de commandement.

Retrouvailles chaleureuses

La rencontre a été fixée au bureau du Premier Ministre à la Primature. Après avoir attendu une trentaine de minutes, le Premier Ministre a reçu chaleureusement les deux interlocuteurs, la rencontre a été dominée par une certaine jovialité du Premier Ministre qui contrastait avec la méfiance du « grand Hamed ». Après une trentaine de minutes, le Premier Ministre a demandé au « grand Hamed » d’attendre dans le salon d’attente, souhaitant s’entretenir avec Koné Zacharia en tête à tête. Trouvant le temps d’attente un peu long, « le grand Hamed » est allé demander au secrétariat pour tenter de savoir si le tête à tête était terminé. A son grand étonnement, il s’est entendu répondre que Monsieur le Premier Ministre et son hôte (Koné Zacharia) venaient de partir pour une urgente réunion à l’hôtel du Golf. Etonné, le « grand Hamed », sort et va vérifier si les véhicules du Premier Ministre et celui de Zacharia étaient toujours là … plus aucun véhicule ! Il en conclut qu’on avait dû l’oublier et il décide de partir. C’est à ce moment qu’il croise Yéo Adama, chef de la sécurité de Guillaume Soro, qui le salue et qui lui confirme que les deux personnalités sont bien parties à l’hôtel du Golf.

Un tour au Golf Hôtel et les portes de l’enfer s’ouvrent

Le chef de la sécurité lui offre la possibilité de l’accompagner à l’hôtel du Golf pour que cette réunion écourtée puisse se terminer. Arrivé en ce lieu, côté camp retranché (Soro-land), territoire réservé au Premier Ministre de l’époque, « le grand Hamed » est prié d’attendre.

Après une longue attente, il a la surprise de voir arriver en sa direction une escouade de gens en armes qui actionnent les culasses de leurs nombreuses Kalachnikov, le braquent et lui signifient qu’il est « mis aux arrêts ». Dans les minutes qui suivent et ne comprenant rien à la situation, il est ligoté, brutalisé et on lui met une cagoule sur la tête. Il est transporté dans une villa appartenant à Marcel Gossio au quartier Riviéra dans laquelle, comme par hasard, habitait le fameux « Tracteur », de son vrai nom, Salif Traoré, élément clé du système Soro, à qui d’ailleurs, on vient de rendre la monnaie de sa pièce. Mamadou Sanogo y passera trois mois et quinze jours, en slip, menotté vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Les deux premiers mois, il ne pourra se laver qu’une fois toutes les deux semaines ; la deuxième partie de ce merveilleux séjour a été nettement plus confortable. Car, il a eu droit aux ablutions une fois par semaine. Et tout ça, sans savoir pourquoi, sans savoir comment il pourra s’en sortir, sans savoir s’il s’agissait d’une procédure judiciaire ou disciplinaire… il tentera de comprendre mais en vain ! Un enlèvement banal, une séquestration ordinaire, tel que pratiqué par les fameux escadrons de la mort qu’il avait combattus ! Il n’en croyait pas sa conscience, il ne savait pas que c’était possible, c’était en contradiction avec l’idéologie qu’il avait défendue.

Pourquoi ? Restera une question longtemps sans réponse … Mais, il ne savait pas, à ce stade, que ce n’était que l’entrée d’un festin et qu’il aura du temps, beaucoup de temps, pour en apprécier toutes les saveurs ! Il ne fallait pas minimiser les possibilités machiavéliques de celui qui avait décidé d’enfoncer le clou très profondément.

Une détention arbitraire et illégale de 32 mois à Korhogo.

Après ce merveilleux et confortable séjour forcé de plus de cent jours à Abidjan, Mamadou Sanogo a été envoyé, le 14 mars 2012, sans ménagement, dans le nord, plus précisément à la CTK de Korhogo (Compagnie Territoriale de Korhogo) commandée par Fofié Kouakou Martin, un des plus fidèles soutiens de Guillaume Soro. La prison allait le tenir éloigné discrètement pour lui enseigner les bons usages. Arrivé là-bas, un « fonctionnaire » de la prison lui a demandé où était son mandat de dépôt. Réponse « il n’y en a jamais eu ».

Après une confusion et une incompréhension de la part de ceux qui, d’habitude, respectaient les règles administratives, il a été décidé de « suivre les instructions qui venaient d’en haut » et de l’incarcérer sans aucun motif, sans aucun mandat de dépôt… bon vous nous direz que cette époque était encore un peu trouble et que certains comptes se réglaient entre amis selon des méthodes traditionnelles, on ne va pas chipoter pour si peu !

C’est ainsi que « le grand Hamed » a eu l’immense honneur et le grand plaisir de se voir incarcérer en compagnie des gens de Gbagbo, tels que le général Dogbo Blé et bien d’autres. Il a immédiatement compris que c’était un piège et qu’il était en danger de mort ; cette promiscuité avait été savamment réfléchie pour qu’il n’en sorte pas vivant ; être vingt-quatre heures sur vingt-quatre au coude à coude avec ses ennemis d’hier n’était pas de bonne augure ; les débuts ont été effectivement très difficiles et tendus, mais trois éléments ont plaidé pour cet ex-chef militaire : sa moralité, son intelligence et surtout, son gabarit impressionnant. C’est ainsi qu’il a eu le grand honneur et le plaisir de côtoyer ses ennemis d’hier durant trente-deux mois, sans qu’aucun papier officiel n’ait jamais été établi, sans qu’aucun magistrat n’ait été averti ?

Un peu d’histoire !

Durant les siècles passés, en Europe, il existait un privilège accordé aux Rois et Princes qu’on appelait « la lettre de cachet ». Il suffisait qu’un sujet soit en disgrâce avec le Roi ou un Prince, pour qu’il soit enlevé, déporté, torturé-le plus souvent il n’en ressortait pas vivant-sans autre forme de procès. Comme quoi les bonnes vieilles traditions peuvent facilement changer de continent pour le plus grand bonheur des peuples !! Oyez Oyez braves gens !! On veille sur vous.

Evidemment, le « grand Hamed », avait des amis qui, par des indiscrétions de sympathisants avaient été mis au courant de cette incroyable situation ; ces amis ont réussi à trouver des biais en direction de l’ONU-CI pour expliquer cette ignominie pour le moins tragique et incroyable au vingt-et-unième siècle.

L’ONU-CI est une lourde machine qu’il a fallu convaincre et qui s’est fait longuement expliquer, mais elle a tout de même décidé de se mettre en branle.

Dire que la démarche de l’ONU-CI a plu à tout le monde, serait évidemment exagéré ! Certains ont été gênés aux entournures ! On met au chaud un paria, on croit que tout est ficelé discrètement, et voilà cette diablesse d’ONU-CI qui entre en piste et qui commence à poser des questions embarrassantes ; on n’a plus qu’à espérer que le fameux invité ne communique pas d’informations gênantes ! Les représentants de l’ONU-CI (division Droits de l’Homme) n’ont pas lésiné sur les questions … mais souvent sans réponses. Ils ont insisté sur les applications les plus élémentaires des textes régissant les Droits de l’Homme.

De retour à Abidjan, mais toujours en prison

C’est à la suite de cette intervention qu’une forte délégation s’est rendue à la CTK pour une étonnante visite officielle à un prisonnier officieux. Etaient présents : Mme la Ministre Matto Loma CISSE, accompagnée de la doyenne des juges d’instruction, ces braves dames étant accompagnées de M. Dagnogo, DACP (Directeur des Affaires Civiles et Pénales) ainsi que du représentant du Ministre chargé des Droits de l’Homme, un certain Coulibaly Mamadou Gnénéma, proche de Guillaume Soro, pourtant Ministre de la Justice aujourd’hui mais qui doit avoir une mémoire sélective des dossiers gênants…

Le « grand Hamed » a fait une déposition en règle qui a semblé horrifier ses interlocuteurs qui, de retour à Abidjan, auraient, dit-on, commencé à œuvrer dans le sens de la Justice, la vraie, celle qui est chantée depuis trois ans mais qui a du mal à naître. Mais malheureusement, cette œuvre aura été de courte durée : Madame Matto Loma Cissé ayant été débarquée de son poste de Ministre deux mois après la visite de Korhogo.

Néanmoins, l’ONU-CI ne lâchant pas prise, cette frange d’Autorités ivoiriennes, prise à la gorge, a été obligée de lâcher du lest et de rapatrier « le grand Hamed » à la Maca de Yopougon début mai 2014, mais, naturellement, toujours sans qu’aucun document officiel ne vienne justifier cette incarcération et sans aucune procédure en cours. N’oubliez pas qu’à ce moment, ce drôle de prisonnier a déjà effectué deux ans et demi de privation de liberté sans jamais savoir pourquoi, sans qu’aucun document officiel ne l’ait justifié, sans qu’aucun magistrat ne l’ait interrogé, bien que, sur le tard, l’aéropage judiciaire a été mis au courant…

Une présence carcérale due uniquement à un simple et banal enlèvement suivi d’une séquestration arbitraire ordinaire, le tout réalisé et suivi par les hommes de main de Soro.

Libéré, puis enlevé…

Devant cette avancée, le « grand Hamed » avait retrouvé l’espoir et commençait à croire qu’il allait effectivement se passer quelque chose en sa faveur ; il avait souffert depuis longtemps, il avait su garder son moral intact, la vie allait de nouveau lui sourire.

C’était mal connaître la ténacité de celui qui était tapis dans l’ombre !

Après quelques jours à la Maca, le samedi 17 mai 2014 vers 16h30, il est convoqué par le régisseur de la prison qui l’informe de sa libération immédiate. Surpris de cette apparente bonne nouvelle, il demande qu’un laps de temps lui soit donné pour réunir ses affaires. Refus du régisseur. Il devait sortir sur le champ. Etonné de cette précipitation, il s’est donc résigné à partir en direction de la sortie, sans savoir comment, sans argent, il allait se débrouiller pour rallier un point « ami »

Encore une inquiétude qui trouvera une solution inattendue, mais efficace, de la part de celui qui lui veut du bien.

Arrivé au portail extérieur de la prison, il a eu le temps de saluer quelques personnes travaillant au sein de l’établissement, puis s’en est allé… mais malheureusement pas loin !

Mamadou Sanogo n’avait pas fait quatre pas que des policiers en civil, l’ont interpellé pour le conduire dans les locaux de la DST à Cocody. Il y a été interrogé durant trois jours, a eu un long entretien avec le commissaire Inza, le patron de ce service qui entretient de bons rapports avec le Président de l’Assemblée nationale, et a été présenté au Parquet le 21 mai 2014 pour se retrouver finalement devant une juge d’instruction du 9ème cabinet.

Une pluie d’infractions, plus de deux ans plus tard

Surpris par un volumineux dossier qui semblait le concerner, il a demandé quelle était la cause qui lui valait les honneurs d’un juge d’instruction ; il a expliqué par le menu sa triste expérience passée, ce qui a eu pour effet de glacer la juge qui était manifestement stupéfaite. La juge lui a demandé d’aller se reposer à la Maca et lui a promis de le convoquer très rapidement ; ce qui fut fait dix jours plus tard en compagnie d’un représentant du Procureur. La scène était assez surréaliste dans la mesure où les magistrats savaient parfaitement que le dossier d’accusation n’était fondé sur rien du tout. Mais il leur fallait agir selon les directives…ah indépendance, quand tu nous tiens!

C’est ainsi qu’une avalanche de vingt-quatre accusations, suivies d’inculpations s’est abattue sur le sieur Sanogo, sans qu’il sache d’où venaient ces accusations fantaisistes (vols, viols, crimes, atteinte à la sûreté de l’Etat ; génocide, destructions de biens publics et privés et bien d’autres plaisanteries !). Il faut préciser que, durant la bataille d’Abidjan, époque de ces présumés faits condamnables, « le grand Hamed » avait de multiples contacts téléphoniques quotidiens avec des responsables du RDR, enfermés dans l’hôtel du Golf, qui lui donnaient des instructions constantes et qui le couvraient de félicitations qui pleuvaient de toutes parts pour ses actes de bravoures dont la population d’Abobo se souvient. Parmi ces noms, devenus illustres aujourd’hui, notons : Karamoko Yayoro, Président du RJR, Zémogo Fofana, Amadou Soumahoro, actuel secrétaire général par intérim du RDR qui, selon « le grand Hamed », lui aurait donné l’ordre de détruire le centre émetteur d’Abobo, ce qui était logique puisqu’il était de notoriété publique que « le grand Hamed » était le chef du PK18, de l’époque.

Ces braves gens, au sens large, ont tous, à des degrés divers, apprécié son efficacité. Ils l’ont supplié d’aller faire telle mission pour protéger l’un des leurs pendant que des militants se faisaient massacrer à Abobo, ils l’ont félicité, ils l’ont congratulé… Mais ça c’était avant, quand ils en avaient besoin ; auraient-ils la mémoire courte ? C’est vrai que la vie politique laisse peu de temps pour penser aux amis en difficulté…

Après, on a refait l’histoire pour qu’elle soit plus douce à distiller au plus haut niveau ; bien que de nombreux militaires français, aient été les témoins directs, on a changé le noms des héros en laissant croire que ce n’était pas « le grand Hamed », que c’était plutôt « Tracteur » (proche de Soro) à qui on attribuait des actes glorieux pour la défense des populations d’Abobo. Et, en modifiant l’histoire, certains ont pu retirer une immense gloire et beaucoup d’argent, allant même jusqu’à écarter (c’est le moins que l’on puisse dire), les véritables acteurs pour mettre sur le devant de la scène de piètres figurants ; et on s’étonne aujourd’hui de l’animosité de certains clans vis-à-vis d’autres !!

Mais revenons à la fameuse audition du « grand Hamed » au 9ème cabinet qui a débouché sur cette volée d’inculpations pour préciser qu’un fait très rare a permis de caractériser l’état d’esprit des magistrats concernés : l’un donnant, de sa poche, de l’argent pour qu’il puisse manger, tandis que l’autre lui précisait « on a bien compris – courage».

Il faut dire que de mémoire de grand avocat français-puisqu’un bon samaritain vient de permettre au « grand Hamed» de s’offrir les services d’un avocat français qui devrait débarquer dans les jours à venir à Abidjan- pourtant habitué à des dossiers compliqués, on n’a jamais vu un nombre d’inculpations aussi élevé… ce qui fait dire « c’est cousu de fil blanc », pardon, de fil rouge-sang.

Une frange de ce qu’il est convenu d’appeler « les Autorités politiques », meurtries de l’intervention de l’ONU-CI, a trouvé une parade de circonstance en montant un écran de fumée sous forme d’un dossier sur mesure pour lui permettre de détenir, un peu plus légalement, le fameux « grand Hamed » – ce qui n’effacera, ni n’officialisera l’enlèvement, l’arrestation arbitraire, la séquestration dans des conditions totalement illégales.

Placé sur la liste des pro-Gbagbo, puis retiré de cette liste !

Récemment, quelle ne fut la surprise du « grand Hamed » d’apprendre par des réseaux amis qu’il avait été mis sur la liste des personnes pro-Gbagbo, à juger en urgence ! Un comble ! Ayant de nouveau fait appel à l’ONU-CI, celle-ci a encore été obligée de montrer les dents en demandant des explications. Comment faire passer un ancien combattant du camp de la rébellion pour un membre du clan Gbagbo ? Vraiment ! La Côte d’Ivoire! – On se demande par quel miracle son nom a finalement été effacé curieusement des listes des personnes à juger … A quoi ça tient ; espérons que la CPI appréciera les pirouettes !

Qui a peur du « grand Hamed » s’il était en liberté ? Quelles révélations celui-ci pourrait-il faire qui pourraient gêner considérablement certains ? Qui pourrait-il confondre ?

Le chef de l’Etat, qui doit en grande partie sa vie à celui qui fut son très bon garde-du-corps, ne peut pas ne pas être au courant puisqu’un de ses proches conseillers connaît parfaitement ce dossier qui lui a été porté par le représentant du MIDH.

Cette incroyable saga, qui illustre une fois de plus les séquelles d’une crise dévastatrice, pose néanmoins une vraie question en ce mois de janvier 2015 annonciateur de grandes réformes : La Côte d’Ivoire a-t-elle enfin l’ambition de redevenir un Etat de droit ?

DANIEL SOVY (In «L’Eléphant déchaîné

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