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Corruption et racket à la Représentation de la Côte d’Ivoire à l’Onu: ” Ce qu’on a voulu cacher aux Ivoiriens”

soro et photocopie

Corruption et racket à la Représentation de la Côte d’Ivoire à l’Onu: Le scandale que Ouattara a tenté de cacher aux Ivoiriens
Il a fini par tomber comme un fruit mûr. Lui qui se croyait tout puissant, intouchable et inamovible tant son ami, Téné Birahima Ouattara, celui que les militants du Rdr surnomment «Photocopie» pour sa ressemblance avec son frère aîné Alassane Ouattara, serait toujours au Palais présidentiel où il occupe les fonctions de directeur des Affaires administratives et financières de la présidence de la République. Des fonctions qu’il cumule avec celles de ministre des Affaires présidentielles.
Lui, c’est Bafétigué Ouattara, ex-Représentant spécial adjoint de la Mission de la Côte d’Ivoire près l’Onu, à New York. L’Organisation mondiale avait réclamé sa tête suite à une affaire de corruption et de racket avérée. Et Alassane Ouattara a fini par le rappeler à Abidjan. Mais que d’hésitations de la part des autorités ivoiriennes !
Dans son édition du samedi 13 décembre 2014, Notre Voie révélait un scandale à l’Onu qui impliquant la Représentation de la Côte d’Ivoire, citée dans une affaire de corruption dans les missions de la paix de l’Onu. Pour cette raison, les responsables onusiens avaient pris la mesure conservatoire de suspendre la Côte d’Ivoire de toutes leurs missions de paix.
L’affaire portait notamment sur des policiers et des gendarmes qui ont présenté le test de l’Onu pour participer aux missions de maintien ou de rétablissement de la paix dans les pays en crise devant une équipe d’assistance et de sélection (SAT) de l’Onu. Et il s’était trouvé qu’en Côte d’Ivoire, notamment depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, de l’argent est exigé aux policiers et aux gendarmes admis au test avant de se faire affecter. Bafétigué Ouattara était cité comme étant le cerveau de l’affaire.
Notre Voie rapportait aussi que les services de M. Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations unies, chargé des Opérations de maintien de la paix, informés de cette situation de corruption, avaient ouvert une enquête. Le résultat était sans appel : le fait de corruption et de racket est avéré. Un rapport avait été dressé et communiqué envoyé, en novembre 2014, aux autorités ivoiriennes demandant des sanctions contre les hauts fonctionnaires ivoiriens impliqués dans cette entreprise mafieuse. La liste nominative des personnes à sanctionner, avec à leur tête Bafétigué Ouattara, avait été adjointe au rapport. Abidjan est resté sourd aux injonctions de l’Onu bien que Bafétigué Ouattara était déjà la risée des autres diplomates qui fréquentent les couloirs onusiens. «Depuis cette affaire, il n’est plus fréquent aux réunions aux Nations unies », avait confié à Notre Voie un diplomate africain rapportant ainsi des confidences qu’il avait, lui-même, reçues des fonctionnaires onusiens.
Depuis l’annonce de la chute de Bafétigué Ouattara, les langues se délient. A Abidjan, dans les arcanes du pouvoir ivoirien, notamment au ministère des Affaires étrangères, il se raconte qu’il n’avait aucune considération pour ses supérieurs. « Il était à couteaux tirés avec l’ex-Représentant spécial de la Côte d’Ivoire près les Nations unies à New York, SEM. Bamba Youssouf. Nous pensons qu’il a quelque chose à avoir avec le débarquement soudain de ce dernier en mars dernier pour officiellement avoir foulé au pied la ligne diplomatique de la Côte d’Ivoire concernant le dossier du Sahara occidental », a confié un fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères. C’est dire qu’il se croyait intouchable. Même l’enquête de police, commise par la hiérarchie de la police nationale, dans laquelle il a été mis en cause avec des preuves irréfutables (identification des comptes bancaires ouverts pour cette opération) de son implication dans cette entreprise mafieuse, n’a pas troublé sa quiétude. Tant il se sentait protégé. A en croire nos informateurs, ces derniers jours, devant le silence coupable des autorités ivoiriennes, les services de M. Hervé Ladsous ont décidé d’accentuer la pression. « Ils ont décidé de poursuivre l’affaire au pénal devant les juridictions américaines. Le département d’Etat américain a aussi décidé de se saisir de l’affaire. Un véritable pressing s’est mis en place », raconte un diplomate en service à l’Onuci. Au dire de cette source onusienne, c’est certainement ce qui a poussé le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, à se décider à rappeler le diplomate ivoirien à Abidjan pour éviter une humiliation.
Un fonctionnaire en poste à la présidence ivoirienne rapporte qu’Alassane Ouattara aurait affirmé qu’il n’était pas informé de cette affaire. « Ce qui est très surprenant», a-t-il commenté. « C’est pourquoi, contrairement à ce qui se dit, la Côte d’Ivoire a décidé de rappeler M. Bafétégué Ouattara. Ce n’est pas l’Onu directement qui l’a renvoyé de New York. Il doit rentrer sur Abidjan avant le début de la 70ème session de l’Assemblée générale de l’ONU qui débute dans deux semaines », a poursuivi notre informateur en poste à l’Onuci.
Comme on le voit, il est clair que la position du chef de l’Etat ivoirien était intenable et qu’il n’avait pas d’autres choix que de lâcher le protégé de son petit frère. Mais on peut déjà noter que malgré toutes les preuves irréfutables contre Bafétigué Ouattara, il aura fallu près d’un an pour qu’Alassane Ouattara prenne ses responsabilités. Une attitude très incompréhensible pour un chef d’Etat qui prétend faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille.
Koukougnon Zabril

Notre voie

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