Le pape François a canonisé ce dimanche 15 mai dix «figures» de l’église dont trois Français qui deviendront ainsi des saints pour l’église catholique. Charles de Foucauld moine ermite qui vécut dans le désert algérien aux côtés des musulmans, au début du XXe siècle, est le plus célèbre d’entre eux.
Devant quelque 45.000 fidèles du monde entier réunis sur la place Saint-Pierre à Rome, François a « canonisé » les religieux français Marie Rivier (1768-1838) et César de Bus (1544-1607) ainsi que le prêtre et journaliste néerlandais Titus Brandsma, connu pour son engagement contre la propagande nazie durant la Seconde Guerre mondiale et tué à Dachau en 1942, rapporte l’AFP. Autre saint du jour, l’Indien Devasahayam (Lazare) Pillai (1712-1752), un hindou converti au christianisme : il est le premier laïc indien à devenir « saint », selon le Vatican. Arrêté, il est torturé pendant trois ans puis exécuté, ayant refusé d’abjurer sa foi. Mais le plus célèbre, au moins pour les Français, est Charles de Foucauld, le moine ermite, mort en Algérie.
« Un frère universel »
Surnommé « l’ermite du désert », Charles de Foucauld mena d’abord une vie d’officier français avant de se consacrer à la foi. Il s’installe à Tamanrasset, en Algérie. Venu, au départ, avec la volonté de convertir les habitants au christianisme, il y renonce ensuite pour finir par développer une relation de proximité avec la population locale: les Touaregs. Joint par RFI, le père Christophe Roucou, de l’Institut Al Mowafaqa des relations islamo chrétiennes au Maroc, raconte la relation privilégiée entre le religieux et l’Afrique. « Charles de Foucauld s’est d’abord installé au Maghreb parce qu’il avait fait un premier voyage qui l’a beaucoup marqué. Il a profité de ce voyage pour lire, à la fois, et le coran et la bible. Puis, lors de son itinéraire personnel de conversion, il s’est dit : il s’agit de faire découvrir Jésus aux musulmans qui ne le connaissent pas et donc son idée a été de retrouver le désert. Ce qui va se produire c’est qu’il va être très touché par les populations pauvres et puis, il s’aperçoit qu’il ne fait pas beaucoup de conversions mais en même temps, il découvre que sa vocation c’est d’être un frère universel et, comme il s’intéresse au peuple des Touaregs parmi lesquels il est, il se met à apprendre leur langue et plus que ça, c’est lui qui réalisera le premier dictionnaire français en écriture Tifinagh qui est une des écritures de la langue Tamachek, la langue de Touaregs d’Algérie. C’est un dictionnaire qui reste un instrument précieux jusqu’à aujourd’hui. »
Saint Charles de Foucauld / L’Évangile au Pays du Sourire (Religions du monde)
La canonisation requiert trois conditions: être mort depuis cinq ans au moins (Charles de Foucauld est mort assassiné en 1916 à Tamanrasset), avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli au moins deux miracles. Le procès en béatification de Charles de Foucauld, avait commencé dans les années 1930. Il avait été déclaré « bienheureux » en 2005 par le pape Benoît XVI. Ses miracles : après la guérison d’un cancer en 1984, un deuxième miracle a été attribué à Charles de Foucauld par le Vatican: l’histoire insolite d’un jeune charpentier qui a survécu en 2016 à une chute de 15 mètres sur un banc, malgré un abdomen transpercé.
Le deuxième miracle de Charles de Foucauld
Il s’appelle aussi Charle mais sans s à la fin. Il est charpentier à Saumur dans l’Ouest de la France, dans le diocèse qui a choisi en 2012, Charles de Foucauld comme patron. En 2016, Charle fait une chute de plus de 15 mètres, traversant la voûte d’une chapelle sur laquelle il travaillait. Il atterrit sur un banc en bois qui lui perce l’abdomen. Après un tel accident, les chances de survie étaient estimées à 2 %. Trois jours plus tard, il est assis sur son lit et, à peine deux mois après, il retrouve le chantier.
Pour l’église, tous les éléments sont réunis pour l’ouverture d’une enquête. Neuf médecins sont consultés et confirment que l’état de santé du jeune homme ne correspond pas à la chute endurée. Par ailleurs, les faits se sont produits alors que dans l’église voisine se terminait une prière, en l’honneur de Charles de Foucauld, pour qu’un miracle puisse lui être attribué et qu’il puisse ainsi être canonisé. Tout cela un siècle exactement après son assassinat en Algérie.
EN 2020, le miracle est reconnu. Le charpentier, qui se déclare non-croyant, a tout de même accepté que son histoire contribue à la canonisation de Charles de Foucauld dont il n’avait jamais entendu parler avant son accident