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Scandale au Burkina : l’entourage de Blaise Compaoré dans une contrebande d’or ?

compaore

Déjà impliqué dans plusieurs sales affaires (trafic d’armes, soutien actif à la rébellion ivoirienne des Forces Nouvelles, coup d’Etat du 15 septembre 2015…), le nom du général Gilbert Diendéré, le commandant de la garde personnelle de Blaise Compaoré pendant ses 27 ans de pouvoir, est aujourd’hui cité dans un important trafic de pierres précieuses. Plus de 17 milliards de francs CFA en jeu. Et pourtant, Burkina Faso veut dire « Pays des hommes intègres »…

En décembre 2015 j’ai publié un article sur lefaso.net concernant la contrebande de l’or du Burkina qui transite par le Togo pour être vendu et raffiné en Suisse par la société Valcambi. En toute illégalité et avec la complicité manifeste des autorités douanières, minières et politiques burkinabées. Je ne me faisais guère d’illusions sur un éventuel intérêt des nouvelles autorités pour ces crimes économiques documentés, entre autres, par l’enquête de la Déclaration de Berne (BD, ONG Suisse) publiée en septembre 2015.

Et depuis, les autorités sont confrontées à d’autres préoccupations, notamment les suites des attentats de janvier 2016 à Ouaga, les multiples rebondissements des suites judiciaires du putsch manqué de septembre 2015, les « affaires de la transition », l’atonie officielle sur les dossiers pendants (Sankara, Norbert Zongo pour ne citer que les plus emblématiques), les Koglwéogo et la délicate question sécuritaire qui est en passe de devenir LA préoccupation principale de ces nouvelles autorités…

Je ne m’attendais donc pas à ce que l’article suscite l’intérêt de ces dernières, même si au fond de soi on peut l’espérer, surtout que la DB avait publié en septembre 2015 les résultats de son enquête sur ce trafic d’or… sans que les autorités de la Transition à l’époque ne semblent s’y intéresser.

Toutefois, à la suite de cet article, j’ai été contacté par un ancien partenaire d’affaires de trafiquants d’or burkinabé qui affirme avoir d’autres « informations intéressantes et scandaleuses » à me fournir sur une contrebande d’or au sommet de l’Etat burkinabé. C’était le jour de Noël 2015.

Quatre jours plus tard, j’ai une conversation téléphonique avec lui, après qu’il m’ait envoyé une série de documents qui prouveraient l’existence d’un trafic (ne serait-ce que ponctuel) d’or impliquant des personnes officiant dans l’entourage immédiat de l’ex-président Blaise Compaoré.

Comme tout journaliste, je me suis demandé ce que pouvait bien cacher cette démarche, apparemment désintéressée, de la personne qui m’a fourni ces documents. Je fais mes propres recherches et me rends compte que cela nécessitait des moyens d’investigation plus importants que je ne possède pas. Je confie alors les documents à la DB qui a les moyens d’investiguer et connaît bien les dessous du trafic d’or au Burkina. C’était en janvier 2016.

En mars 2016, je voulais écrire un article sur cette autre affaire d’or, mais il me fallait encore poser quelques questions à la Source pour m’éclairer un peu plus sur ses intentions et ce que cela pourrait impliquer si cette affaire était fondée et prouvable ou non. J’ai donc adressé une liste de questions à la Source qui m’a assuré de me répondre… mais sans suite jusque-là.

Je fais ici mienne cette assertion du web-journal Le Grand Soir : « Informer n’est pas une liberté pour la presse mais un devoir ». Avant d’être un droit et une liberté, l’information est avant tout un devoir pour le journaliste… et pour tout citoyen qui s’intéresse à la vie de la cité. En tant que citoyen burkinabé et du point de vue éthique, je ne saurais garder ces informations pour moi seul. C’est pourquoi je décide de les partager à travers la présente publication… De quoi s’agit-il ?

Une location de jet privé par le Ministère burkinabé des Transports

La source de cette information s’est présentée à moi comme un homme d’affaires, sous le nom de M. Nacer Fetaimia. Il est actif dans la location d’avions, de jet privés précisément, et réside à Londres. Il possédait au moment de la transaction une société, LINK Aviation, basée à l’aéroport Le Bourget en France.

Il aurait été contacté le 12 mars 2011 par le Ministère burkinabé des Transports pour le compte du Gouvernement et de la Présidence du Faso. Lors de ce contact, un « contrat verbal » aurait été passé entre Monsieur Nacer Fetaimia et le ministère des Transports, représenté par M. Soungalo Ouattara. Ce contrat engageait la société Link Aviation à affréter un avion « modèle Bombardier Challenger 604 immatriculé M-VICA » dont elle était propriétaire par le biais d’un contrat dit « ACMI ». C’est-à-dire un contrat de location d’avion avec équipage complet, maintenance et assurances inclus (en anglais : Aircraft, Complete Crew, Maintenance and Insurance (ACMI)).

Selon ce contrat (verbal !), l’avion devait être « utilisé uniquement pour les intérêts du gouvernement burkinabé et pour des vols présidentiels et ministériels ». Ce qui semble n’avoir pas été le cas selon M. Fetaimia. Car, d’après lui, non seulement « l’avion a effectué des vols vers des destinations bannies par l’ONU », mais a également transporté « des diplomates étrangers concessionnaires d’armes recherchés par Interpol comme Moustapha Chafi ».

A tel point que le 26 juillet 2012, alors que l’avion retournait à sa base de Londres pour une visite technique, il aurait été confisqué par la banque pour infraction à l’embargo de l’ONU contre le Soudan. Cette confiscation faisait suite à une mission que la Présidence du Faso aurait accomplie avec cet avion au Soudan le 22 mars 2012. Cette saisie aurait fait subir à Link Aviation et à son patron une perte financière énorme (5 millions de $) et une atteinte irréparable à sa réputation bancaire avec un risque d’emprisonnement…

Dans un projet de plainte (non daté) à l’attention du Procureur du Faso (TGI de Ouagadougou), M. Fetaimia, représenté par son avocat à la Cour de Paris, Me Zia Oloumi, « demande réparation du préjudice subit à hauteur de 10millions de $ ». Je ne sais pas si, à ce jour, ce projet de plainte a été déposé ou non par ce dernier au TGI de Ouaga. Mais si cette demande connaît des suites, on peut légitimement se demander si l’Etat burkinabé ne risque pas de devoir encore payer des réparations dans une affaire où ce même Etat semble être la principale victime… des turpitudes de ses propres gouvernants.

Une « sortie d’or » qui appartiendrait à l’armée burkinabée

Cette histoire de location d’avion prend en fait tout son sens avec une autre affaire de transport d’or pour lequel le jet de Link Aviation aurait été également utilisé. M. Fetaimia dit avoir été contacté au Ghana par téléphone par le Général Gilbert Diendéré. Ce dernier se serait présenté comme chargé d’un « projet militaire pour une affaire d’or appartenant à l’Armée qu’on devait faire sortir rapidement du Burkina pour des achats de logistique et des uniformes militaires ».

Mais pourquoi diantre l’armée burkinabée ne peut-elle pas utiliser les circuits administratifs normaux et légaux pour vendre son or ?! Et d’ailleurs, comment se fait-il que des autorités militaires du Burkina Faso possèdent tant d’or qu’elles souhaitent l’exporter par des circuits parallèles, pour ne pas dire mafieux !? Mais, en fait, l’or était déjà au Ghana quand M. Fetaimia a été contacté par Diendéré.

Pour être juste, cantonnons-nous au personnage principal, le pivot de cette affaire : le Général Diendéré. C’est ce dernier qui aurait voulu sortir cet or au nom de la Grande Muette. On peut se demander si d’autres autorités militaires étaient au courant de cette affaire ? Ces dernières pourraient peut-être éclairer l’opinion le moment venu… Mais comme on imagine bien que l’Armée restera fidèle à sa réputation… de grande muette, ce n’est peut-être pas de ce côté que viendra un meilleur éclairage sur cette affaire !

Les raisons pour lesquelles l’or du Burkina se trouvait au Ghana seraient que les frais et taxes d’exportation de l’or sont plus élevés au Burkina. Le Ghana offre une alternative discrète par l’intermédiaire d’un Libanais qui assurerait le lien entre les acteurs en jeu. Il fallait pour ces derniers « un investisseur inconnu, capable et discret, possédant un avion privé ». Face à cette situation, M. Fetaimia aurait « conseillé de rapatrier la marchandise qui se trouvait au Ghana au Burkina car il était prêt à les aider à payer les impôts au Burkina ». Il affirme même avoir avancé « 600000$ en cash à leur partenaire au Ghana pour diverses dépenses ainsi que pour les frais de retour de la marchandise d’or au Burkina ».

Le contexte de la transaction

Le contexte de l’époque pourrait aider à cerner ce trafic et la crainte de la bande à Diendéré de devoir expliquer l’origine de cet or, et comment il se fait qu’il soit attribué à l’Armée burkinabée (?). Selon M. Fetaimia, en effet, pendant de nombreuses années, le Burkina Faso a servi de plaque tournante pour des trafics de tout genre (or, diamants et armes). Cette réputation « largement méritée » – et bien documentée par l’ONU et d’autres organismes et médias – s’appuyait sur le « réseau tissé par l’ancien président Blaise Compaoré avec d’autres personnages politiques tels que Charles Taylor et Jonas Savimbi. Des stocks séjournaient ou transitaient par la Présidence du Burkina avant de se trouver sur les marchés de Dubaï, Londres, Anvers, etc. » Pour le loueur d’avion, « ce ne fut donc pas une vraie surprise d’avoir été abordé par le groupe du Général Diendéré pour cette transaction. Le Burkina était sur la sellette, les enquêtes se rapprochaient et Taylor était en prison à La Haye. Il fallait faire vite. »

On comprend donc pourquoi ce besoin rapide d’argent et d’un avion pour éloigner cet or du Burkina en toute discrétion et le conduire en lieu sûr. Cet éclairage contextuel permet aussi de se demander si cet or est un produit du Burkina, c’est-à-dire extrait de ses mines d’or, ou une part du butin des rapines que Blaise et son réseau criminel ont commis ailleurs au Libéria, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire ou en Angola… des pays qui ont tous vécu des guerres civiles. Ou encore est-ce un mélange d’or de diverses provenances illégales ?

Aussi le loueur de jet privé, M. Fetaimia, ne pouvait-il pas vraiment ignorer à qui il avait affaire en traitant avec le Général Diendéré dans cette transaction d’or. Il escomptait sans doute en tirer bénéfice, mais il semble avoir été dupé par le groupe de Diendéré. Et dans cette farce criminelle, c’est l’Etat (c’est-à-dire vous et moi) qui est le dindon. On utilise ses moyens et ses hautes fonctions pour le spolier tout en se revendiquant de ce même Etat !

Du Ghana à Conakry en «re»-passant par Ouagadougou, puis Amsterdam et Johannesburg, de l’or “burkinabé” est finalement vendu à des Arabes via le Togo !

M. Fetaimia affirme avoir « renvoyé au Burkina l’or du Général qui se trouvait au Ghana ». Il dit avoir été convaincu à l’époque « d’avoir à faire à des hommes intègres et de bonne foi ». Surtout quand le Commandant Richard Hitt, le pilote personnel de Blaise Compaoré depuis 25 ans (en 2012) l’aurait rassuré de « la légitimité de ce projet à la suite de son dialogue avec son patron (le président Compaoré donc!) et le Général Diendéré ». On peut ici douter de la bonne foi du loueur d’avion. Car, comment une transaction d’or appartenant à l’armée d’un pays peut-elle être légitimement et légalement « le projet » du Président de ce pays, de son pilote d’avion et de son chef d’Etat-Major particulier seuls ? Au point de convaincre cet associé « discret, capable et possédant un avion » pour prêter ses services à cette entreprise de contrebande ?

En tout cas, cette assurance donnée par le pilote de Blaise aurait encouragé M. Fetaimia à verser « encore 1 million de $ sur un compte bancaire burkinabé, indiqué par le Général Diendéré et appartenant au Commandant Hitt, pour couvrir les frais du Bumigeb, le bureau burkinabé des mines sensé effectuer les contrôles techniques et appliquer les taxes d’exportation » de l’or. Suite à cet arrangement, une facture aurait été présentée à M. Fetaimia, « avec une procuration du commissariat de police de Ouagadougou l’autorisant, sur instruction officielle, à gérer l’ensemble de la transaction d’or. » Cette apparente incohérence éclaire cependant sur les implications tentaculaires de cette affaire d’or déjà bien trouble. Est-ce le rôle du commissariat de Ouagadougou d’autoriser un homme d’affaires à gérer ce genre de transaction ?!

Pendant ce temps, alors que l’avion de M. Fetaimia « était en veille à la base militaire de Ouagadougou pendant 28 jours » (voir les photos), l’or aurait été expédié à son insu par un avion de ligne « pour se retrouver à Amsterdam au lieu d’Anvers » en Belgique. La douane hollandaise découvre à l’aéroport un lot de 10 caisses de 110KG d’or en plus de 3 autres boîtes contenant des diamants non déclarés. M. Fetaimia échappe à un mandat d’arrêt pour contrebande et doit payer des amendes.

Ce dernier aurait alors versé la somme de « 1,5 million de dollars sur divers comptes bancaires burkinabés appartenant pour la plupart à M. Richard Hitt (le pilote de Blaise) et sur indication du Général Diendéré, soit disant pour payer les taxes des boîtes de diamants non déclarées découvertes par les douanes hollandaises ». Afin de régler une « erreur » dans le dossier et d’établir de nouveaux documents pour débloquer la marchandise auprès des autorités néerlandaises, il a fallu également payer d’énormes frais aux transitaires pour « rectifier le tir » et empêcher la confiscation de l’or et des diamants à Amsterdam. La douane hollandaise aurait fini par expédier « la marchandise » en Afrique du Sud…

A Johannesburg, le même scénario se serait répété. La douane sud-africaine découvre les diamants non-déclarés et menace d’arrestation les contrebandiers accompagnant « la marchandise ». C’est là qu’apparaît un autre personnage clé de ce trafic : un certain Emmanuel Tapsoba dit « Nabiiga ». En effet, ce nom apparait dans plusieurs documents comme celui d’un gérant ou associé de sociétés (Radius International, Groupe Tapsoba et associés, etc.) qui servaient d’intermédiaires (en tant que « vendeuses ») dans cette transaction d’or. Et c’est ce Monsieur Emmanuel Tapsoba qui aurait été « sacrifié » aux autorités douanières sud-africaines en prenant la responsabilité de la contrebande découverte en Afrique du Sud. Il aurait donc été arrêté en Afrique du Sud dans le cadre de cette affaire.

Encore une fois, M. Fetaimia aurait subi de nouveaux délais d’attente et payé des frais (environ 2 millions de $ en espèces) pour de nouveaux documents et les « certificats » de Kimberly (attestant que l’or et les matières précieuses exportées comme le diamant ne sont pas extraits dans des zones de guerre ou de violations des droits humains).

Pendant que « la marchandise traîne d’une nation à une autre », M. Fetaimia aurait continué à verser d’importantes sommes (en espèces), sans compter les autres « frais substantiels de transport, billets d’avions, location et immobilisation du jet privé, frais d’hôtel et de restauration pour de nombreux adjoints de Diendéré comme le sénégalais Chérif Alassane Sall ». Ce dernier comparse du Général Diendéré serait très proche du Président sénégalais Macky Sall. Aussi pourrait-on ici faire l’hypothèse que la précipitation du Président Macky Sall à venir “absoudre” et porter secours au Général Diendéré pendant son coup d’Etat manqué de septembre 2015, cache peut-être des liens inavouables dans ce réseau mafieux de trafic et de crimes de toutes sortes commis et entretenus par certains chefs d’Etat de la sous-région et leurs proches entourages.

Cette affaire aurait duré 3 années sans aboutir nulle part selon M. Fetaimia qui estime avoir été proprement grugé par le Général Diendéré. Et d’ajouter qu’après l’Afrique du Sud, ils se sont retrouvés au Kenya « avec à la clé un séjour rocambolesque de 3 mois à l’hôtel Mariott »… qu’il ne relate pas !

Aux dernières nouvelles (entre juin et septembre 2014), « la marchandise aurait été déposée à la Banque Centrale de Guinée sous la couverture de l’armée » selon le loueur de l’avion (mais de quelle armée ? Celle du Burkina ou de la Guinée ?). En effet, un certificat de dépôt de la Banque centrale de Guinée mentionne un dépôt de 1327KG d’or, “d’origine guinéenne”, le 11 juin 2014. Nom du dépositaire : la Société Africaine Mandeng SARL représenté par M. Emmanuel Tapsoba ! Curieusement un autre certificat de dépôt, avec la même référence administrative en date du 12 juin 2014 et portant la même date de dépôt (le 11 juin 2014) mentionne une quantité différente de 1100KG au lieu des 1327KG. Une différence de 227 KG par rapport à l’autre certificat de dépôt sans autres explications. Depuis, l’or aurait été transféré plus tard au Togo et vendu à des Arabes !

Pendant ce temps le pilote de Blaise, le Commandant Richard Hitt, se serait engagé avec M. Emmanuel Tapsoba en signant un contrat officiel de 100KG d’or établi sur le même projet que Diendéré avait proposé à M. Fetaimia. Ce dernier affirme que c’était « évidemment pour récompenser M. Hitt pour sa collaboration et sa complicité dans cette affaire pour les millions de dollars encaissés dans divers comptes bancaires ».

En janvier 2015, l’agent de transit de Conakry devait arriver en Belgique avec les 100KG d’or promis à Fetaimia pour lui permettre de faire face à ses créances depuis qu’il s’est engagé dans cette aventure. Mais ces 100KG d’or auraient “disparu” en vol à destination de Casablanca « avec leur complice guinéen, un certain Osman (ou Omar) Fodé Traoré. »

Au vu de ce qui précède, M. Fetaimia estime avoir été victime d’une escroquerie que ne peuvent ignorer le Général Diendéré et le Commandant Hitt de la Présidence du Faso ainsi que M. Tapsoba. Il les tient pour responsables des pertes financières et des dégâts matériels et moraux catastrophiques subis dans cette affaire. Des pertes qu’il estime à environ 8 millions de dollars US…

Qui et que croire : l’Etat burkinabé première et principale victime

Qui et que croire dans cette affaire ? Et l’Etat burkinabé dans tout ça ? Qui le plaindra et qui demandera réparations en son nom pour cette histoire si tout cela s’avérait fondé ? Pendant que nos pays se morfondent, s’épuisent et s’humilient dans la mendicité internationale pour des cacahuètes, il est révoltant de voir que des sommes aussi faramineuses sont en jeu dans des transactions obscures et criminelles de ceux-là même qui sont censés protéger et préserver le Burkina, et l’Afrique, de ces pillages sans nom.

En supposant que les 1327 KG d’or appartiennent effectivement au Burkina ou, à tout le moins, à un ou plusieurs Etats de la sous-région, et si l’on s’en tient au certificat de dépôt du 12 juin 2014 à la Banque centrale de Guinée et au prix du KG d’or (13 millions de CFA/Kg) fixé dans le contrat de vente entre le Commandant Richard Hitt (l’acheteur via “sa” société West African Gold Limited :WAGL) et le sieur Emmanuel Tapsoba (le vendeur via “sa” société Radius International SA) on se fait une idée claire des sommes d’argent en jeu dans cette affaire. 1327Kg à 13 millions de CFA le kg donnent un montant de 17 milliards 252 millions de CFA, soit environ 26 540 000 euros ! Et cela n’est que la pointe de l’iceberg de la contrebande d’or au Burkina Faso… qui prive le pays de revenus substantiels.

Avec ces sommes colossales (à l’échelle burkinabé) on pourrait construire écoles, dispensaires et routes et créer de l’emploi pour des milliers de jeunes. Mais avec cette cagnotte rondelette on peut également entretenir des réseaux mafieux de prédation, on peut aussi acheter des armes, financer des troubles politiques et des terroristes ou des milices qu’on peut activer au besoin pour contenir la colère grandissante des populations de nos pays qui s’estiment, avec raison, spoliées, mal gouvernées et laissées pour compte par les dirigeants africains qui, comme dans cette affaire, ont manifestement d’autres préoccupations que le bien-être, la sécurité et le développement de nos populations.

J’ai pris le risque de partager le contenu de cette affaire d’or à travers cet article sans avoir la prétention que les documents de M. Fetaimia disent la vérité. Mais je pense tout simplement faire mon boulot (bénévolement car personne ne me paie pour le faire). J’estime que le citoyen burkinabé et africain mérite d’être informé de ce genre de scandales qui, si l’on n’y met pas fin en les tirant au clair (enquêtes, justice, sanctions, réparations et réconciliation), ne laisseront guère espérer un changement ou une amélioration quelconque dans nos pays avec ces dirigeants politiques et des hautes personnalités de l’Etat qui se trouvent être au cœur de ces réseaux de pillage de nos ressources.

Je fais ce choix car j’estime également que, en faisant l’hypothèse que ce trafic d’or a bien eu lieu et cela au détriment de l’Etat burkinabé, il appartient aux autorités judiciaires, aux journalistes et aux citoyens de se l’approprier pour savoir ce qu’il en est véritablement de ces trafics d’or qui privent le pays des revenus de ses maigres ressources minières. Et, dans une vision plus large, se demander en quoi ces trafics d’or participent à de sinistres et inavouables projets de déstabilisation de nos Etats. Notamment par la déliquescence de nos armées, la menace terroriste entretenue, le pillage systémique, l’éclatement et l’inconséquence politiques dans un déni suicidaire de l’histoire de cette partie du continent africain, et une crédule ignorance des courants géostratégiques passés et actuels qui l’enserrent et l’empêchent objectivement de résister aux assauts et prédations répétés et multiformes de l’Occident.

La balle de cette affaire est désormais dans le camp de nos gouvernants, de la justice et des journalistes qui seraient intéressés d’investiguer plus profondément.

Pour en savoir plus vous pouvez accéder (ci-dessous) à l’essentiel des documents sur lesquels je me suis basé pour écrire cet article.

Voir le lien entier ici

(http://www.burkinalivres.org/Contrebande_dor_presidence_du_Faso_sous_Compaore/)

1 – Documents de la transaction d’or impliquant la Présidence du Faso

2 – Projet de plainte de M. Nacer Fetaimia (non daté)

3 – Photos caisses d’or saisies en Hollande, Emmanuel Tapsoba et Omar Traoré dans l’avion

4 – Photos du jet privé, Commandant Hitt et Tapsoba à la Base aérienne d’Ouaga

5 – Photos diamants avec un douanier de Nairobi

Source : Investig’Action

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