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Législatives 2022 : Aymeric Caron contre Pierre-Yves Bournazel, le duel du petit Pari

Samedi 21 mai. Sur le marché de Barbès, dans le 18e arrondissement de Paris, Aymeric Caron se lance, tracts en main, à la rencontre de ses potentiels électeurs. L’effet « vu à la télé » marche à plein. Derrière son étal, la poissonnière encourage l’ancien sniper d’« On n’est pas couché », pourtant militant végan : « Sur le plateau, vous aviez bien éclaté Zemmour, c’était bon ! » Un client réclame un selfie : « Bravo, vous êtes un vrai bonhomme, vive Mélenchon ! »

Soudain, la situation se tend. Le candidat de la Nouvelle union populaire écologique et sociale, la Nupes, est interpellé par Valérie, 51 ans. Une femme de gauche, pourtant. Mais la séquence de 2017 dans laquelle Aymeric Caron proposait un « permis de voter » pour empêcher les citoyens incultes et irresponsables d’avoir voix au chapitre l’a troublée.

Elle aimerait comprendre : « Est-ce que vous ­considérez que tout le monde a le droit de vote ? » Caron prend la mouche. « Je veux bien répondre, mais je n’aime pas qu’on m’agresse », s’agace-t-il. « Je vous pose juste une question », reprend la dame posément. « Ne soyez pas vindicative ! » Il finit par expliquer qu’il s’agissait d’« une mesure de fiction dans un monde d’utopie », un projet parmi d’autres, absent du programme qu’il défend aujourd’hui.

Valérie fait la moue. « Vous n’écoutez pas ma réponse, vous êtes juste venue faire votre petit numéro, parce que vous ne partagez pas nos idées », lui lance-t-il. Sans doute l’imagine-t-il voter pour son grand rival, le macroniste Pierre-Yves Bournazel. Erreur. « C’est bien parce que je partage les idées de la Nupes que je suis affligée de votre ­candidature », lui assène-t-elle.

Aymeric Caron, Pierre-Yves Bournazel, un troisième homme… qui l’emportera, le 19 juin, à Montmartre et ses alentours, dans la 18e circonscription de Paris, ce patchwork de 116 000 habitants qui couvre l’essentiel du 18e arrondissement et un bout du 9e, avec des zones de grande richesse et des poches de pauvreté, des migrants et des bobos, des touristes et des toxicos ? Dans ce petit Paris en cours d’embourgeoisement, la bataille a valeur de test.

A l’issue des législatives, la capitale a de fortes chances de se retrouver, comme souvent, coupée en deux. Les soutiens d’Emmanuel Macron devraient l’emporter dans les circonscriptions de l’Ouest, les plus bourgeoises, même si Les Républicains vont essayer de sauver leurs deux sièges actuels. La gauche à peu près unie semble bien partie pour gagner dans les quartiers plus populaires de l’Est. Mais où passera la frontière entre l’Ouest de droite et l’Est de gauche ? La 18e circonscription, à mi-chemin, peut tomber d’un côté comme de l’autre.

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