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Gestion du COVID-19 : L’ancienne ministre de la Santé de Gbagbo dévoile ce qu’elle aurait fait

Dans un enregistrement vidéo mise en ligne par ses services, l’ancienne Ministre de la Santé et de la Lutte contre le Sida, Christine Nébout Adjobi, Ministre du Président Laurent Gbagbo pendant une dizaine d’années, s’est prononcée sur la gestion du COVID-19 en Côte d’Ivoire. Elle a recommandé une piste aux autorités gouvernementales afin qu’elles puissent venir à bout de ce virus.

Elle a d’abord fait un constat selon lequel, en dépit des mesures prises par les autorités ‘’la maladie ne fait que prendre chaque jour un peu plus de terrain.’’ Ce constat s’appuie sur ce que Christine Adjobi qualifie de tâtonnements observés dans les débuts de la crise sanitaire. Il s’agit, selon elle, de la mise en quarantaine ratée à l’INJS des passagers du vol Air France du 17 mars 2020 ainsi que la poursuite des festivités du MASA et la mise en œuvre tardive de l’isolement du Grand Abidjan de l’Intérieur du pays. En outre, l’ex-Ministre de la santé a retenu ‘’la crise de confiance entre les populations et des autorités étatiques dont la communication institutionnelle est boudée en faveur des rumeurs infondées qui pullulent sur les réseaux sociaux.’’ Elle en veut pour témoin les contestations à Yopougon, à Bangolo et dans bien d’autres localités.

Par ailleurs, Christine Adjobi a fait remarquer que dans son adresse du 31 mars 2020, le Premier ministre Amadou Gon a certes fait l’état des lieux de la situation sanitaire dans notre pays. Mais les généralités et l’imprécision de l’état des lieux contenus dans son discours n’ont pas vraiment permis de faire une opinion détaillée et documentée de la situation réelle de la pandémie dans notre pays.

Mme Christine Adjobi qui connaît très bien le fonctionnement de la situation sanitaire de la Côte d’Ivoire, pour avoir piloté ce secteur au sommet de l’Etat, a bien voulu faire des recommandations au gouvernement et plus particulièrement à ses successeurs. Il urge, poursuit-elle, de :

· Rendre crédibles les informations en communicant les chiffres ainsi que les niveaux de référence. Cela permettra un monitoring des résultats réalisés et des efforts à fournir. Une bonne compréhension des mesures contribue nécessairement à rassurer et à encourager la population ainsi que toutes les entités concernées à pleinement s’impliquer dans la lutte contre le COVID-19 et à soutenir les efforts du gouvernement.

· Communautariser la diffusion de l’information de sorte que le dispositif essentiellement médical mis en place actuellement soit mieux intégrer par toutes les couches sociales du pays.

· Mettre en place un outil de traçabilité des personnes infectées par le COVID-19 et éventuellement des populations confinées. Des informations récemment relayées par la presse nationale ont permis de relever le cas d’une personne atteinte du COVID-19 à Aboisso et qui s’est retrouvée dans un village de Taabo sans aucune prise en charge. Taabo n’ayant aucun dispositif approprié de prise en charge, ce dernier et sa famille ont été isolés par les habitants, les laissant seuls à leur sort. La traçabilité aurait permis aux structures sanitaires compétentes de prendre en charge ce cas. Ce cas doit inciter nos entreprises d’informatiques, à l’instar de la Corée du sud à développer une application mobile qui permettrait de suivre en temps réel des personnes infectées.

· Mettre à contribution en équipant et en dotant en tant que de besoin les laboratoires d’analyses biologiques privés des réactifs et tests nécessaires afin qu’ils puissent, au même titre que les structures sanitaires publics, analyser des prélèvements et des tests. Les entreprises pourraient ainsi inciter leurs cadres et travailleurs vers ces structures pour leur dépistage.

· Mettre en place une base de données de tout le personnel de santé disponible, notamment dans le secteur privé ainsi que dans les universités et les écoles de formation. Cette précaution permettrait d’anticiper les besoins en ressources humaines en cas d’explosion du nombre de contaminés dans notre pays.

· Apporter une réponse sous-régionale à la riposte sanitaire en organisant par téléconférence une séance de travail des ministres en charge de la santé dans l’espace Cedeao.

L’ancienne ministre dit avoir remarqué, dans la gestion du COVID-19, que les décisions sont ‘’calquées sur les pratiques en cours en Europe et en particulier en France’’. Elle aurait souhaité, eu égard à la sociologie et aux habitudes de vie communautaire, que la réponse sanitaire à apporter soit adapter à la spécificité du contexte ivoirien et Africain.

Au regard de cette réalité, elle a recommandé la réactivation des comités de lutte contre les épidémies, disponibles dans tous les départements. Mme la Ministre a également jugé nécessaire que les associations et organisations non gouvernementales qui œuvrent dans le domaine de la santé soient mises en mission auprès des communautés et dans les hameaux les plus reculés. Les tradi-praticiens, l’INHPB – à l’endroit de qui elle a souhaité que soit alloué un budget pour la fabrication de gels hydro-alcooliques et de masques –, n’ont pas été passés par perte et profit.

Dans le cadre des prérogatives que lui confère l’état d’urgence et en vue d’assurer notre souveraineté médicale, Christine Adjobi demande au gouvernement de réquisitionner certaines unités industrielles afin qu’elles consacrent leurs productions à la fabrication de masques et de blouses de protection, de gants et de gel hydro-alcoolique.

Avec Radio Pdci

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