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A quelques semaines de la présidentielle: Ce que risque Ouattara

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Il est, à l’évidence, le plus grand favori. Celui face à qui on pourrait dire qu’il n’y a rien. Il est, pour ainsi dire, dans son marigot.

Dans l’entourage du chef de l’Etat sortant, Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession, on est plutôt confiant, avec des pourcentages variables, quant à sa victoire à l’issue des élections de 2015. « Son bilan plaide largement en sa faveur. On n’aura pas à faire une campagne comme en 2010 pour présenter un projet aux Ivoiriens. Il a démontré qu’il est un travailleur, les faits sont là. Mais il faut toutefois rester vigilant, concentré car une élection n’est jamais gagnée d’avance », lâche un proche d’Ado, le triomphe mesuré, avec qui nous avons eu un échange téléphonique. « Il n’y a aucun doute qu’il remporte les élections à venir. Il est le candidat unique des houphouëtistes. Quand le Pdci, le Rdr, l’Udpci, le Mfa, le Pit, l’Upci se mettent ensemble pour soutenir un candidat, qu’est-ce qui reste encore si ce n’est la victoire ? », note pour sa part une parlementaire du Rassemblement des républicains (Rdr), quelque peu euphorique. « Nous, nous travaillons plutôt sur le pourcentage de la victoire », se convainc-t-elle au cours d’un échange, les yeux scintillant à l’idée d’une victoire prochaine de son mentor au soir du 25 octobre prochain. Mais dans un cas comme dans l’autre, il faudrait certainement avoir des qualités de devin ou de lanceur de cauris, comme on en voit en Afrique, pour prédire ce qui arriverait avant, pendant et après les élections présidentielles de 2015. Toutefois, certains indicateurs inclinent à s’y essayer, et on doit dire que les voyants ne sont pas tout à fait au vert.

A quelques semaines de ces joutes électorales tant attendues, le marigot politique ivoirien n’invite pas, en effet, à la sérénité. On y perçoit des coups d’Etat en préparation, des mises en garde, des craintes d’une déflagration tant les discours ne sont pas apaisés. En somme, une réelle menace sur les élections présidentielles. « Le pays peut basculer dangereusement dans la violence », prévient le Cheikh de la communauté musulmane, Boikary Fofana. La patronne de l’Onuci, la diplomate Aichatou , ne s’en inquiète pas moins. Elle « appelle les acteurs politiques, de toutes tendances, à faire preuve de retenue dans leurs propos et à tout mettre en œuvre pour contribuer au maintien d’un environnement électoral apaisé, au renforcement de la cohésion sociale et à la consolidation de la réconciliation nationale ». C’est, en effet, ici que réside tout l’enjeu des prochaines élections en Côte d’Ivoire. A savoir la capacité pour les autorités ivoiriennes, ainsi que les populations, à tourner définitivement les pages de la douloureuse crise qui a secoué le pays et renouer avec la paix et les principes démocratiques.

Tous les regards tournés vers le chef de l’Etat

Plus que tout autre citoyen, ces défis restent avant tout ceux du président de la République, le premier magistrat ivoirien. De l’avis de certains diplomates, les élections de 2015 constituent un baromètre de démocratie, de réconciliation, de cohésion sociale pour la Côte d’Ivoire. « Le président Ouattara s’était engagé, on s’en souvient, à construire la démocratie, à faire la réconciliation, l’Etat de droit, la justice, après sa difficile prise de pouvoir au lendemain de la guerre d’Abidjan. C’est comme ça que des structures comme la Cdvr (Commission dialogue vérité et réconciliation, ndlr) ont été mises sur pied. La communauté internationale suit tout cela de près. Quatre ans après, on ne peut pas dire que des efforts n’ont pas été faits. Beaucoup a été accompli, c’est à saluer, mais il faut reconnaître que beaucoup reste encore à faire, et les choses ne semblent pas évoluer dans le bon sens », apprécie un diplomate avec qui nous avons échangé récemment. Il reste, en effet, évident que la difficile relation, à la limite de l’inimitié, entre le président Ouattara et son opposition, n’augure rien de bon, surtout pas à quelques semaines de la présidentielle, des joutes, qui ont le chic de déchaîner toutes les passions.

Dans les faits, le dialogue de sourds entre le chef de l’Etat et la coalition de l’opposition sur les principes de démocratie et d’organisation d’élections crédibles dessert davantage le président-candidat qui a toutes les manettes en main. L’opposition, notamment la Coalition nationale pour le changement (Cnc), réclame à tue-tête des discussions avec le pouvoir pour déblayer le terrain avant les élections. Le pouvoir avance plutôt en solo, feignant la sourde oreille. Dans le bilan qu’il devra pourtant faire, ne manqueront certainement pas les questions de respect de la démocratie, de la liberté d’opinion et d’expression, des droits de l’Homme, de la réconciliation nationale. Et par-dessus tout, il devra tout mettre en œuvre pour éviter que le pays ne bascule pas à nouveau dans la violence, après la douloureuse crise électorale de 2011. Ouattara est donc au pied du mur comme un maçon. Et l’un de ses ennemis les plus coriaces reste le temps qui joue fortement contre lui.

Hamadou ZIAO

L’INTER

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