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« Face aux électeurs » à la Rti: “Ouattara présente un bilan contraire à la réalité”

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« Face aux électeurs » à la Rti: Ouattara présente un bilan contraire à la réalité
Le chef de l’Etat sortant, Alassane Dramane Ouattara, est loin d’avoir convaincu après son passage, mardi dernier, à l’émission télévisée « Face aux électeurs » sur la Rti. Beaucoup de choses qu’il prétend avoir réalisées relèvent plutôt de la propagande politique. Décryptage.

« Notre candidat a un bilan qui parle pour lui » se plaisent à dire les partisans d’Alassane Dramane Ouattara. L’émission-télé « Face aux électeurs », mardi dernier, à la Radiotélévision et diffusion ivoirienne (Rti) devrait être l’occasion pour le candidat unique du Rhdp de dévoiler officiellement ce bilan. Mais la réalité était tout autre. Les Ivoiriens qui ont suivi l’intervention du chef de l’Etat sortant ont eu droit à un plat fade assaisonné de contrevérités et d’inventions sorties tout droit de la propagande politique du régime Ouattara. Pour être plus précis, c’est un bilan travesti, boursoufflé et en parfaite contradiction avec la réalité que le candidat du Rhdp à l’élection présidentielle du 25 octobre prochain a présenté aux téléspectateurs.

De la crédibilité de la présidentielle de 2010
Le candidat Ouattara affirme sans sourciller que les élections de 2010 se sont bien déroulées. « En 2010, les élections se sont très bien passées, au premier tour comme au deuxième tour et c’est à l’issue de ce deuxième tour proclamé par la Commission électorale indépendante que s’est posé le problème de reconnaitre les résultats par mon prédécesseur ». Le monde entier sait que les élections de 2010 ne se sont pas bien passées. Les rapports des différents observateurs électoraux dont l’Union africaine (UA) l’ont attesté. Le vote n’était pas crédible parce qu’il s’est déroulé sous la menace des rebelles non-désarmés. Le scrutin a été entaché de graves irrégularités. Les observateurs ont noté des violences graves contre les partisans du candidat Laurent Gbagbo dans les zones tenues par la rébellion armée pro-Ouattara, des empêchements de vote et des bourrages d’urnes (sur de milliers de procès verbaux de délibération venus du nord, le nombre de votants étaient largement supérieur au nombre d’inscrits). Autre irrégularité, c’est au Golf Hôtel, le quartier général (QG) du candidat Alassane Ouattara, que le président de la Commission électorale, Youssouf Bakayoko, a proclamé hors délais des résultats provisoires non validés par le bureau central de la Commission comme l’exigent les textes. La guerre postélectorale qui s’en est suivie prouve bien que les élections ne se sont pas bien passées. Aussi faut-il préciser que cette guerre a été provoquée par le refus du candidat Ouattara d’accepter le verdict du Conseil constitutionnel, juge suprême du scrutin présidentiel, qui a proclamé la victoire du candidat Gbagbo.

« J’ai trouvé un pays en déconfiture »
Ouattara affirme avoir trouvé un pays en ruine par la faute de Gbagbo. « La gestion calamiteuse des dix dernières années de mon prédécesseur et la crise postélectorale m’ont amené à trouver un pays en total déconfiture, un pays en ruine physiquement». Ces propos ont assurément fait sourire les Ivoiriens parce qu’ils savent que la misère de la Côte d’Ivoire vient du « funeste coup d’Etat » de 1999 et de la rébellion armée du 19 septembre 2002. Les auteurs de cette rébellion disent avoir agi pour installer Ouattara au pouvoir (aveux fait en 2003 par le chef rebelle Koné Zakaria). Une rébellion barbare qui a massacré des milliers d’Ivoiriens, ruiné le pays, réduit en état de relique les zones occupées, dévalisé les banques, pillé les ressources minières du pays et organisé les déperditions des ressources financières de l’Etat. Malgré cette situation, le président Gbagbo et son gouvernement se sont battus pour maintenir l’Etat debout en lui permettant de faire face à ses obligations. Bien que ruinée par la rébellion et ses commanditaires, la Côte d’Ivoire sous Gbagbo a payé sans discontinuer ses fonctionnaires avec le peu de ressources tirées de la zone gouvernementale. Gbagbo a payé régulièrement les indemnités d’anciens chefs d’institution à Alassane Ouattara (ancien Premier ministre) et Henri Konan Bédié (ancien chef d’Etat, ancien président de l’Assemblée nationale etc.). Gbagbo a réalisé l’autoroute du nord jusqu’à Yamoussoukro, monté tous les piliers du pont de Jacqueville, construit plusieurs importants édifices nationaux (hôtel des parlementaires à Yamoussoukro, l’hôpital de Gagnoa, le projet pipeline…) et acquis les financements de plusieurs autres projets réalisés aujourd’hui dont le troisième pont baptisé Bédié.

A propos de
la sécurité
Alassane Ouattara prétend avoir ramené la sécurité dans le pays. Comme preuve, il brandit l’indice de sécurité qui serait passé de 3.8 en janvier 2012 à 1.2 actuellement, mettant ainsi la Côte d’Ivoire au même niveau de sécurité que Genève et New York. Ici encore, la volonté de ruser avec la réalité est manifeste. La vérité, c’est que l’insécurité est devenue ambiante sous le régime Ouattara avec son lot de braquages et autres agressions à main armée qui donnent l’insomnie aux populations ivoiriennes. Des bandes armées se pavanent partout dans le pays et font usage de leurs armes pour assurer leur pitance quotidienne. Y a-t-il des dozos, des « microbes » ou des ex-combattants armés dans les rues de Genève ou de New York ? Manifestement, il y a de quoi à douter de la fiabilité de l’indice de sécurité attribué à la Côte d’Ivoire.

De la composition
de la CEI
Le candidat du Rhdp soutient que la Commission électorale est véritablement indépendante. Là où la dépendance de cette structure vis-à-vis du régime Ouattara est flagrante. Sur les 17 membres que compte la CEI, 13 sont favorables au candidat Ouattara parmi lesquels on peut citer les 4 représentants du Rhdp, les 5 représentants des ministères et institutions qui sont sous l’autorité du chef de l’Etat. L’opposition n’a, en réalité, que deux représentants. Ceux de l’Alliance des forces démocratiques de Côte d’Ivoire (AFD-CI). L’un des handicaps majeurs de cette CEI, c’est son président, Youssouf Bakayoko. Il symbolise incontestablement la guerre postélectorale et il n’a plus rien à prouver quant à son engagement pour le candidat Ouattara. Comment une telle Commission électorale contrôlée par le candidat-président Ouattara peut être qualifiée d’indépendante?

De la réconciliation nationale
Voici ce que déclare M. Ouattara : «Nous avons travaillé à faire en sorte que les Ivoiriens se réconcilient et vivent mieux ensemble».
La question que les animateurs de l’émission-télé devraient logiquement poser au chef de l’Etat sortant est de savoir quels sont les actes concrets posés en faveur de la réconciliation au-delà de la simple création de la défunte CDVR et de la CONARIV. Aucun acte concret. Les actes qui ont été posés par Ouattara vont plutôt dans le sens de l’exacerbation de la tension sociale et l’agrandissement du fossé entre les Ivoiriens. Il s’agit notamment du transfèrement du président Gbagbo et de Blé Goudé Charles à la Cpi, de la guerre féroce contre les pro-Gbagbo (traque, arrestations, tortures, gel des avoirs), la répression de l’opposition, le rattrapage ethnique, la justice des vainqueurs etc. Sur la question, l’ex-président de la Commission dialogue, vérité, réconciliation (Cdvr), Charles Konan Banny, révèle que sa volonté de rendre visite à l’ex-chef d’Etat, Laurent Gbagbo, à La Haye, s’était heurtée au refus catégorique d’Alassane Ouattara. Est-ce cela œuvrer à la réconciliation des Ivoiriens ? Sacré Ouattara qui continue de croire que les Ivoiriens sont naïfs.
Jean Khalil Sella

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