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Côte d’Ivoire –BURIDA: Voici le décret qui divise les artistes

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Jusqu’au mois d’avril dernier, le bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) était régi par le décret du 20 novembre 2008. Celui-ci a, depuis, fait place à un nouveau texte. Mais, dans la perspective des prochaines élections pour le renouvellement des instances dirigeantes de la société des créateurs, ce nouveau texte ne semble pas être du goût de tous.

Si pour les uns, il vise à «consolider les acquis et mettre en place des mécanismes susceptibles de garantir une gestion efficiente, transparente et responsable» du Burida, pour les autres par contre, ce texte met à mal la cohésion dans le monde des artistes.

La maison des artistes est-elle dans la tourmente à l’approche des futures élections au poste de PCA ? La question mérite d’être posée vu la tension qui est montée d’un cran depuis quelques jours entre les artistes et les responsables du Bureau ivoirien des droits d’auteur. Une vive polémique les y oppose en ce moment. Au centre de cette querelle, le tout nouveau décret, No 2015-271 du 22 avril 2015 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement du Burida, soumis aux artistes au début de la semaine dernière.

Le Jeudi 13 août dernier, Jack Delly artiste-musicien, lead vocal des Woody et candidat déclaré, s’est insurgé contre certaines dispositions de ce décret. «Certains passages de ce décret ont été modifiés à notre insu, rien que pour m’écarter. Ce sont des rajouts qui n’ont jamais obtenu l’avis des artistes et qui créent des divisions inutiles. Voyez-vous, depuis que j’ai annoncé en janvier 2015 ma candidature et multiplié des actions d’envergure, cela dérange des gens, parce qu’ils savent que j’ai avec moi la majorité des artistes. Oui, ce décret est taillé sur mesure contre Jack Delly. Il est exclusionniste, discriminatoire et arbitraire», a-t-il dénoncé haut et fort. En effet, dans certains passages de ce texte, notamment les articles 10 et 25, il est mentionné : «Qu’est inéligible au Conseil d’Administration, tout administrateur dont le mandat a été interrompu pour motif légitime par l’Assemblée Générale, l’autorité de tutelle ou une décision de justice». Autrement dit, Jack Delly qui était membre du conseil d’administration dirigé par Gadji Céli, dont le mandat n’est pas allé à son terme en raison de la crise qui a secoué le Burida, ne peut par conséquent être candidat.

Jack Delly justifie sa prise de position par cette révélation. «Nous avons travaillé sur un document dans lequel il y avait 69 articles. A la fin de 72 heures de travaux, nous sommes arrivés à 45 articles. Et nous sommes allés en plénière. Ce sont ces 45 articles qui ont été adoptés. Un mois après, le Comité provisoire de gestion du Burida m’a appelé pour voir si tout ce qu’on avait arrêté était bien dans le document final. Après vérification, j’ai constaté que tout y était. Aujourd’hui, on nous sort un décret tripatouillé, que nous ne reconnaissons pas du tout. Nous demandons que ce décret soit purement et simplement retiré», laisse-t-il entendre, avant d’ajouter«On veut amener les artistes à se soulever et créer des palabres. Eh bien, qu’ils sachent que nous ne tomberons pas dans la violence. Nous passerons par les moyens pacifiques pour avoir gain de cause».

Du côté du Burida, on se refuse à tout commentaire. Toutefois, selon David Kouamé, chargé de communication, «la loi, c’est la loi. Elle est impersonnelle. Et elle s’applique à tout le monde sans exception. Une loi ne peut pas faire l’unanimité. Quand elle est prise, elle fait des heureux mais aussi des frustrés. Je ne comprends vraiment pas cette polémique. Il faut vraiment être de mauvaise foi pour affirmer haut et fort que ce décret a été taillé sur mesure pour exclure quelqu’un».

Mais les artistes dans leur grande majorité, notamment ceux du clan Jack Delly n’entendent pas abdiquer. Ils veulent se faire entendre.

Ils ont décidé de s’en remettre à l’arbitrage du chef de l’Etat. «Les artistes de Côte d’Ivoire veulent rencontrer le chef de l’Etat. Nous irons vers le Président pour lui faire part de notre opposition à ce décret exclusionniste. C’est le chef de l’Etat qui aura le dernier mot».

Souhaitons tout simplement que cette polémique ne nous éloigne pas de l’essentiel : La vie des artistes de Côte d’Ivoire.

Par Claude Kipré & Inzah D.

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