Intérrogé sur l’Eurobond dont le gouvernement Gon Coulibaly se satisfait, ainsi que l’endettement, Gnangbo Kacou, fiscaliste et ex-député d’Adiaké, Assinie et Etuéboué explique, chiffres à l’appui, le volume du déficit budgetaire de la Côte d’Ivoire. Dans les lignes qui suivent, l’intégralité de son message.
Il arrive que, lorsqu’une personne se coupe gravement le pied, plutôt que de couvrir la plaie avec un pansement antibiotique non, notre blessé va draper la plaie seulement avec un simple tissu. Quelques semaines plus tard la plaie s’infecte.
L’endettement est pour le budget ce que le mauvais pansement est pour la plaie. Malheureusement nos Etats font sans cesse recours à l’endettement pour combler leur déficit en lieu et place des mesures pour booster la croissance économique, des mesures de lutte contre la corruption et des mesures de respect et de non gâchis des deniers publics pour augmenter leurs recettes fiscales.
Le déficit représente la différence entre Les recettes propres et les dépenses de l’Etat. C’est à dire, l’Etat une fois ses prévisions de dépenses d’un montant Y arrêtées, sachant qu’au cours de la même année les recettes propres attendues représentent X. Si les recettes propres de l’Etat « X » sont inférieures au total des dépenses prévues de la même période « Y », deux comportements se présentent.
- Soit notre Etat limite ses dépenses Y au niveau des recettes X, on dit alors que X = Y dans ce cas, on dit que l’Etat fonctionne sans déficit.
- Soit notre Etat maintient les dépenses Y prévues. Dans ce cas, Y étant supérieur à X, la différence X – Y représente le déficit.
Généralement beaucoup de budgets publics se trouvent dans ce deuxième cas de figure.
La question qui va se poser est de savoir quel sera le taux du déficit et comment ce déficit sera financé ?
J’ai retracé dans le tableau ci dessous le volume du déficit du Gouvernement d’Alassane Ouattara sur les trois dernières années 2017 -2016 et 2015
2015 | 2016 | 2017 | ||
RECETTES | 3 394 408 599 499 | 4 067 002 966 757 | 4 016 454 725 351 | |
DEPENSES | 5 014 336 001 006 | 5 813 322 029 614 | 6 501 421 152 075 | |
*DEFICIT | 1 619 927 401 570 | 1 746 326 062 857 | 2 068 832 581 781 | |
PIB |
* Marché financier 1 046 130 082 407 1 191 591 371 654 1 227 132 578 990
Emprunts-projets 461 797 319 100 499 737 691 203 677 700 002 791
Emprunts programmes 112 000 000 0000 55 000 000 000 164 000 000 000
- L’Ampleur du déficit
Le déficit ramené au PIB permet de mesurer l’ampleur de celui-ci.
Le pacte de stabilité ou pacte de convergence de la zone UEMOA demande que le déficit des pays membres ne dépasse pas les 3% du PIB sinon à 0%. Vous voyez que l’UEMOA préconise de faire des budgets sans déficit.
Depuis les 6 ans de mandature d’Alassane Ouattara le déficit de la côte d’Ivoire se situe chaque année entre 5,5% et 7% du PIB.
Très élevé beaucoup trop élevé.
- Financement du déficit
De 2012 à 2016 la côte d’ivoire a utilisé les bons du Trésor Public émis sur le marché UEMOA pour drainer des ressources afin de financer son déficit. L’avantage de ce type de financement est que les fonds sont collectés en Francs CFA.
La levée de fonds de la Côte d’Ivoire dans la zone de la communauté Européenne est très récente.
Les eurobonds sont des obligations émises dans la zone Européenne. Les pays Européens se financent sur le marché des eurobonds pour couvrir leur déficit. Le taux d’intérêt est fonction de la santé économique des pays. La Côte d’ivoire devra se refinancer au taux de 6%.
A ce jour la dette totale de la Cote d’ivoire avoisinerait le 11 000 Milliards F CFA représentant 50% du PIB.
Quelques économistes pensent que le déficit crée la croissance, je fais partie de ceux qui pensent le contraire. Le déficit crée plus de problèmes à terme qu’autre chose