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Au 111e jour de la guerre, les forces russes tentaient ce mardi 14 juin d’encercler les soldats ukrainiens à Sievierodonetsk, ville stratégique de l’est du pays, mais les forces de Kiev affirment « tenir bon ». Au-delà du Donbass, la guerre se mène également sur un autre front, celui de Kherson. Entretien avec Elie Tenenbaum directeur de recherche à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Elie Tenenbaum : Odessa et le grand sud ukrainien faisaient à la fois partie clairement des objectifs primaires de l’offensive russe. C’est une région russophone, ça permettait à Moscou de couper entièrement l’Ukraine de son accès à la mer. Et ce, d’autant, car après la chute de Marioupol et la prise de la Crimée en 2014, Odessa est devenu le dernier poumon, la dernière ouverture maritime de l’Ukraine. C’est aussi un point de contact et de passage important avec la Roumanie. Mais également l’un des deux accès avec l’Union européenne qui ne soit pas coupé par d’autres territoires, à l’instar de la Transnistrie qui est un point de passage compliqué sur la frontière occidentale de l’Ukraine. Donc le Sud est stratégique.

C’est un espace de résistance également. Les Ukrainiens l’ont très bien compris en développant depuis le début et en soutenant une forme de résistance civile passive à Kherson, une résistance que l’on a vue aussi se développer dans des villes comme Melitopol. De ce point de vue-là, c’est un symbole, c’est d’une certaine manière l’Ukraine occupée, l’Ukraine martyrisée, un territoire qu’évidemment l’Ukraine espère pouvoir un jour libérer. D’où l’importance de pouvoir lancer en permanence cette forme d’initiative dans le Sud qui fixe un certain nombre de forces russes et bloque leur offensive.

C’est un petit peu différent dans le Donbass, où l’historique n’est pas la même. On y trouve des Ukrainiens pro-russes, il y a encore des institutions des Républiques populaires de Donetsk et Louhansk qui incarnent une forme de discorde ukrainienne alors que le pouvoir à Kiev joue au maximum la carte de l’unité nationale. Cette discorde ne se retrouve pas dans le Sud. Donc sur le plan politique, le Donbass est plus complexe, sur le plan militaire aussi. Il y a une concentration de forces russes qui réalisent une forme de saillant sur les positions ukrainiennes. Sievierodonetsk et plus généralement l’ensemble du front du Donbass est en fait en partie encerclé. Ce n’est pas un encerclement à 360°, mais un contournement fort qui rend les lignes plus difficiles à tenir.

Ce qui manque est sans doute une montée en puissance technique de l’armée ukrainienne ainsi qu’une réorganisation des forces. Car autant pour faire du combat de ralentissement, du combat défensif, la structure qui avait été adopté jusque-là par l’armée ukrainienne, une structure de défense territoriale, relativement décentralisée, très résiliente est efficace. Néanmoins, si vous voulez passer à l’offensive, il faut réorganiser en partie au moins la pointe offensive et rebasculer sans doute sur une organisation plus centralisée.

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