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Omicron, le début de la fin de la pandémie de Covid-19 ?

la patronne du bureau africain de l’OMS, le Dr Matshidiso Moeti, a qualifié la vague de Covid-19 qui balaie le continent – et le reste du monde – depuis la fin novembre 2021. Plus contagieux que ses prédécesseurs, Omicron a fait des ravages, se transmettant de malade en malade à une vitesse encore jamais vue. La liste des pays africains – trente à ce jour – qui ont identifié le variant sur leur sol va encore s’allonger, d’autant que le nombre d’opérations de dépistage et le travail des laboratoires a été moins intense pendant les fêtes de fin d’année. En Afrique du Nord, le nombre de nouvelles contaminations s’est envolé, atteignant 121 %.

Mais il y a aussi des raisons d’espérer, estime Matshidiso Moeti. Dans certains pays, cette nouvelle vague semble déjà marquer le pas : durant la deuxième semaine de janvier, le nombre des nouvelles contaminations a ainsi baissé de 14 % en Afrique australe et de 9 % en Afrique du Sud. Et ce nouveau variant apparaît moins dangereux, provoquant une vague « moins meurtrière » que les précédentes, avec moins de cas d’hospitalisations.« En Afrique du Sud, explique le Dr Anita Graham, épidémiologiste à Johannesburg, Omicron représente 95 % des nouvelles infections mais nous constatons moins de formes graves. Actuellement, seuls 9 % des lits de soins intensifs sont occupés par des patients Covid dans notre pays.

Mais beaucoup de questions se posent encore, que passent en revue le Dr Anita Graham, le Dr Matshidiso Moeti, le Dr Abdou Salam Gueye, directeur des urgences au bureau Afrique de l’OMS et Alain Poy, le responsable régional du suivi et de l’évaluation de la vaccination de l’OMS en Afrique.

Omicron est à la fois beaucoup plus virulent, c’est-à-dire contagieux, et moins sévère que les variants qui l’ont précédé. Une bonne nouvelle car il a tendance à se substituer aux autres formes de Covid-19. Il ne s’agit pas pour autant d’une affection anodine, insiste le Dr Anita Graham : « Omicron reste grave pour les patients souffrant de comorbidités, sur lesquels on observe encore des atteintes graves, en particulier au niveau des poumons. »

S’il est trop tôt pour être catégorique sur le sujet, le Dr Graham indique qu’ actuellement, aucun de nos patients hospitalisés n’est complètement vacciné. Ou bien ce sont des vaccinations remontant à plus d’un an. La plupart des gens que nous hospitalisons ont des comorbidités, certains même arrivent chez nous pour un autre problème et c’est le test qui révèle qu’ils sont infectés.

Selon le Dr Abdou Salam Gueye, directeur des urgences au bureau Afrique de l’OMS, des formes graves de la maladie restent possibles chez les patients âgés ou immunodéprimés mais, dans l’ensemble, les cas semblent moins sévères. « Nous cherchons à comprendre pourquoi, ajoute-t-il. Cela peut être lié aux vagues précédentes, mais nous pensons surtout que c’est un effet de la vaccination. »

On évoque de plus en plus de cas de « réinfection » : des personnes ayant été malades du Covid et ayant donc théoriquement développé des anticorps mais qui sont de nouveau touchées peu de temps après. On aurait même identifié à Chypre un variant « Deltacron » mêlant les caractéristiques des variants Delta et Omicron.

Nous n’avons pas toutes les réponses mais il semble clair que l’immunisation baisse avec le temps, constate le Dr Anita Graham. Ce que nous savons en Afrique du Sud, c’est que le taux de séroprévalence de la population atteint maintenant 70 %, et nous pensons que cela explique les formes moins graves observées ces derniers temps. Afin d’être plus affirmatifs, les scientifiques disent avoir besoin de temps. Une centaine de variants ont été identifiés en Afrique à ce jour et sept sont considérés comme préoccupants. Pour obtenir plus de certitudes, il faut encore améliorer la capacité de séquençage génomique à l’échelle du continent pour mieux identifier et tracer les variants.

Si chacun espère que la maladie va être éradiquée durant l’année 2022, cet espoir semble chimérique. Par contre, il est possible que le virus devienne de moins en moins sévère, provoque moins de décès et de formes graves. « Cela va probablement durer des années, mais il est possible que nous passions d’une situation de pandémie à une forme de maladie endémique », analyse le Dr Graham. Traduction : au lieu d’une épidémie ravageuse à l’échelle mondiale, on pourrait voir le Covid-19 devenir une maladie présente à long terme, mais aux effets plus contrôlables.

Selon Alain Poy, le responsable régional du suivi et de l’évaluation de la vaccination de l’OMS en Afrique, « 136 millions de personnes sont entièrement vaccinées, soit 10 % de la population du continent. Sept pays seulement – Seychelles, Maurice, Maroc, Tunisie, Cap Vert, Bostwana et Rwanda – ont atteint l’objectif fixé l’an dernier, qui était d’avoir vacciné 40 % de leur population fin 2021. » À l’inverse, un seul pays n’aurait toujours pas commencé à administrer de doses : l’Érythrée.

Le goulot d’étranglement se situe plus au niveau du déploiement que de l’approvisionnement, assure de son côté le Dr Gueye. Les pays qui demandent des vaccins les reçoivent, le problème c’est de les distribuer et de les administrer jusque dans les régions les plus éloignées des capitales. » Le prochain objectif officiel est d’avoir vacciné 70 % de la population du continent en juin 2022. Ambitieux, comme le confirme Alain Poy : « Cela implique de vacciner 34 millions de personnes par semaine. Actuellement, nous sommes à 6 millions.

On a tout entendu au sujet de la « dose de rappel », parfois aussi qualifiée de « dose booster ». Pour certains, elle est la clé contre Omicron, pour d’autres elle serait au mieux inutile, au pire dangereuse car on manque de recul sur ses effets et sur l’utilisation d’un sérum différent de celui employé précédemment.

SI UNE TROISIÈME DOSE PEUT RENFORCER L’IMMUNITÉ, IL FAUT COMMENCER PAR ADMINISTRER UNE PREMIÈRE DOSE À TOUT LE MONDE

Pour le Dr Abdou Salam Gueye, il s’agit avant tout de pragmatisme et de bon sens : « La dose booster est-elle efficace individuellement ? Oui, elle réduit les risques. Mais au niveau communautaire, la question qu’il faut se poser c’est : vaut-il mieux donner une dose supplémentaire à un enfant ou envoyer cette dose dans un pays où les gens n’ont même pas encore reçu la première ? Je crois que la réponse est automatique. » En clair : s’il semble bien qu’une troisième dose puisse renforcer l’immunité, il convient de gérer les priorités tant que le nombre de vaccins disponibles continue à être insuffisant. Et donc de commencer par administrer une première dose à tout le monde.

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