05102024Headline:

Le controversé retour de la police dans les universités de Grèce

« J’ai mal, ne me tirez pas par la tête », crie un étudiant aux forces antiémeute qui l’entourent dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux. Dans un autre enregistrement, un jeune homme effleuré par une grenade assourdissante affirme ne plus entendre. Il sera transporté avec deux autres personnes à l’hôpital. Cette scène s’est déroulée à la mi-mai sur le campus de l’université Aristote à Thessalonique, deuxième ville de Grèce. Le recteur de la faculté de sciences a décidé de mettre fin à l’occupation illégale d’un bâtiment pour le transformer en bibliothèque. Alors que les travaux commençaient, des hommes en cagoule sont arrivés à l’entrée du bureau du recteur suscitant l’intervention de la police qui a tiré des gaz lacrymogènes. Au même moment, un groupe d’étudiants qui protestait contre la mise en place d’une police universitaire a été pris à partie.

L’an dernier, le Parlement grec a voté l’instauration d’une police universitaire alors que jusqu’à présent les forces de l’ordre n’étaient autorisées à intervenir que sur la demande du rectorat. « Ce n’est pas la police qui entre dans les universités, mais la démocratie », avait déclaré alors le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, à l’Assemblée. Les députés des partis d’opposition, du centre gauche Kinal à la gauche Syriza et le parti communiste KKE, avaient voté contre le projet de loi, estimant que la police dans les universités irait à l’encontre du principe européen d’autogestion de ces établissements. Pour eux, cette mesure est un tour de vis supplémentaire dans la politique « sécuritaire » du gouvernement conservateur.

La présence de la police dans les universités est d’autant plus délicate en Grèce que le souvenir de la répression dans le sang, en novembre 1973, par l’armée et la police d’un mouvement estudiantin opposé à la junte des colonels, à l’Ecole polytechnique d’Athènes, reste vivace. Un groupe Facebook « Non à la police dans les universités » recueille depuis un an les témoignages des opposants à sa mise en place.

Une pétition a été signée par plus de 1 000 universitaires qui soulignent le coût excessif de cette brigade de 20 millions d’euros par an, selon le trésor public grec, alors que le budget annuel de l’enseignement supérieur est seulement de 91,6 millions d’euros. Des collectifs de professeurs, de chercheurs et d’étudiants ont même saisi le Conseil d’Etat dans l’espoir que la loi soit décrétée anticonstitutionnelle. Mais mi-mai, la plus haute instance juridique grecque a jugé que l’instauration de cette police spéciale « ne mettait pas en danger la liberté académique et l’autogestion des universités ».

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