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Côte d’Ivoire- Révélations sur les exhumations manquées à Duékoué:Voici Ce que le regime veut faire des ossements

EXHUMATION-DE-CORPS-À-L-OUEST

Dans le cadre de la coopération décentralisée entre l’Association pour le développement de la Coopération décentralisée (Ardecod) de Franche-Comté en France et l’Association des villes et communes de l’ancienne région des Montagnes de Côte d’Ivoire (Avicomci), le maire de la commune de Duekoué, Taï Glaou Jean, est en ce moment en France avec ses pairs de l’Avicomci.

Profitant de ce voyage, il a échangé avec les fils et cadres de sa région résidant en Europe. Une rencontre a eu lieu le dimanche 23 août dernier, à Paris. A cette occasion, le premier magistrat de Duékoué a donné à la centaine de ”parents” présents, des « nouvelles du village ». L’un des points saillants ayant marqué ces échanges fut l’opération manquée d’exhumation de corps des victimes de la crise post-électorale à la fin du mois de juillet dernier.

Sur la question, le maire Glaou Jean a fait savoir que l’objectif visé par le gouvernement était de rendre hommage à ces victimes. Une façon pour les dirigeants ivoiriens de réparer le tort causé aux populations de ce département qui a vécu le martyr lors des dernières crises. « L’Etat ivoirien reconnaît qu’il y a eu des problèmes dans la région et répare son tort »,a expliqué l’élu local, pour qui cette opération répond à des questions d’hygiène et de santé. « Quand on jette les corps dans les puits, l’eau s’empoisonne, et c’est toute la nappe phréatique qui est touchée. Il faut donc accepter les exhumations pour faire le curage des puits afin de les nettoyer », a-t-il dit.

A propos de ce qu’il était prévu de faire des ossements exhumés, le maire a soutenu qu’ils devraient être empaquetés dans des sachets et conservés dans des conteneurs réfrigérés jusqu’à ce qu’un mausolée soit construit. « On a demandé à la mairie de trouver un espace qui va abriter un mausolée, où une stèle qui portera le nom de toutes les victimes sera érigée. On va créer un autre espace où les corps non entamés seront enterrés », révélera-t-il. Le maire Glaou Jean a affirmé que tout cela « vise à rendre hommage et à rendre leur dignité à ces personnes innocentes tuées dans la guerre ». En clair, ces exhumations n’avaient pas été envisagées à des fins d’enquêtes, puisque, dira le maire Taï Glahou Jean, « il n’y a pas de banque d’Adn en Côte d’Ivoire. Donc, à partir des os, on ne peut pas identifier les parents ».

Au total, ce sont plus de 22 fosses communes, sous surveillance des Nations unies en ce moment, qui sont concernées par l’opération avortée. « Au quartier Carrefour, il y a 14 puits scellés par l’Onuci. A Toguehi, il y a 8 puits gardés par les Bangladeshis. Et puis, vers le marché de Kokoman, il y a un cimetière (qui est concerné) », a révélé l’hôte des ressortissants de Duékoué vivant à Paris. Pour le maire Glaou Jean, l’échec de ladite opération s’explique par un déficit de communication à l’endroit des jeunes. « Le jour prévu, les jeunes ont installé des bâches sur les puits et y ont pris place pour marquer leur opposition (…). Ils ont expliqué ne pas être informés et ne pas avoir été préparés », a-t-il indiqué. Trouvant justifiée cette position, le maire a, toutefois, souligné que les chefs traditionnels avaient, eux, été sensibilisés. Mais, ils auraient manqué de relayer l’information à leurs jeunesses. « Ils avaient même perçu la somme de 3 millions de francs Cfa pour les rituels nécessaires en de telles occasions », a dit l’orateur, ajoutant que les exhumations auront bel et bien lieu mais après les élections. Il a donc invité ses compatriotes vivant à Paris à sensibiliser leurs parents au village à cet effet.

Le maire de Duékoué a saisi la même tribune pour prôner le pardon tout au long de la rencontre qui a duré près de 3 heures. « Pardonnez à tous ceux qui vous ont fait du tort, mais aussi demandons pardon pour nos torts », a-t-il appelé avec insistance. « Le développement, qui doit être désormais la préoccupation de tous, ne saura se faire sans cohésion des fils et filles de la région. Pardonnons-nous, et donnons-nous la main pour permettre à Duékoué de connaitre véritablement le développement », a conclu l’élu. Ce, après avoir présenté les potentialités de la région et avoir appelé les uns et les autres à venir y investir. Séance tenante, des promesses d’investissement ont été faites, notamment par des fils de Duékoué responsables d’Ong.

Blaise BONSIE (Une correspondance particulière à Paris)

L’INTER

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