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Côte d’Ivoire/ Tension socio-politique : le président Laurent Gbagbo, à la fois présent et absent en politique

« La photo sera pour plus tard », confie un proche de Laurent Gbagbo. L’ex-président ivoirien, assigné à résidence à Bruxelles dans l’attente du verdict d’appel relatif à son acquittement dans la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011, est astreint à certaines réserves comme celle de ne pas faire de politique. Ce qui explique l’absence de cliché de sa rencontre avec Henri Konan Bédié.

Surfant sur l’image de victime expiatoire sortie du jeu politique par le fait d’une justice internationale aux ordres des puissants, le woody (le garçon, son surnom) ne fait pas de déclaration publique mais travaille méthodiquement à la restructuration du Front populaire ivoirien (Fpi, son parti) pour en faire une machine de reconquête du pouvoir. « Nous allons faire des tournées dans tout le pays, explique l’un de ses proches. Il faut revisiter nos bases, voir la réalité de nos structures, et recruter de nouveaux cadres. L’objectif reste la libération de Laurent Gbagbo qui est la clé de l’avenir politique du pays. » Le Fpi a intégré une nouvelle coalition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (Eds) dont la présidence a été confiée au professeur Georges Armand Ouégnin. Et ne rejoindra pas, pour l’instant, la plateforme de seize partis pilotée par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) d’Henri Konan Bédié. L’Adn des deux formations est difficilement compatible, le Pdci est l’ancien parti unique contre lequel Laurent Gbagbo a créé clandestinement le Fpi en 1982, de sensibilité marxiste-léniniste.

« Epreuve de force ». Le Fpi et le Pdci prévoient toutefois de mener ensemble des actions (marches, caravanes de la paix…), et auront des positionnements communs, particulièrement pour défendre la réforme de la Commission électorale indépendante (Cei), une instance jugée partiale. Sous couvert de la réconciliation, les cadres du Fpi comptent bien faire reculer la peur dans leur camp et mesurer la capacité de révolte populaire. « Le Fpi fait le pari qu’Alassane Ouattara n’osera pas réprimer des mouvements pacifiques coanimés avec le Pdci », explique un analyste politique.

La réconciliation ne serait donc qu’un leurre ? « Si le Fpi et le Pdci veulent faire évoluer les règles du jeu politique, ils devront passer par l’épreuve de force, explique un diplomate français et arracher des concessions à un pouvoir qui ne compte pas le perdre. »

La rentrée de septembre pourrait s’annoncer chaude. Les enseignants et les syndicats sont restés largement fidèles à Laurent Gbagbo. L’opposition a la capacité de mobiliser à Abidjan et dans certains fiefs du Centre et du Nord, où Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale a gardé des partisans. Alassane Ouattara, qui a déjà testé son dispositif sécuritaire, est conscient des risques. La France les évalue. « Nous redoutons des mobilisations avant, pendant et après les élections avec des risques de contagion croisée à travers le pays », conclut le diplomate. Mais la principale inquiétude reste l’organisation du retour d’un Laurent Gbagbo, définitivement blanchi, en Côte d’Ivoire…

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