05192024Headline:

Iglesia Lazos con Dios, la première Église inclusive de Medellin

Samedi soir à Medellin, dans le quartier El Velodromo près du grand stade de la ville. Les rues sont silencieuses. Nous sommes dans un quartier résidentiel. Mais, on entend du bruit venant d’une maison qui fait l’angle d’une rue. Des chaises sont installées à l’extérieur sous une tente et dans une salle. On teste des micros et une pancarte verticale est posée à l’entrée. Il y est écrit « Jésus t’aime comme tu es ». Les rebords sont décorés avec les couleurs du drapeau LGBTQ+.

Les volontaires de l’Église s’activent pour terminer les préparatifs de la messe du jour sur le thème « Traversant la tempête ». Narent Avendaño termine d’enfiler sa tenue de danse. Il est chargé du « ministère de la danse », c’est-à-dire qu’il participe à la messe en effectuant une chorégraphie avec de la musique. Il fait partie de cette Église inclusive depuis sept mois.

« Grâce à cette Église, je me suis réconcilié avec Dieu. J’étais dans une autre Église avant. Mais, là-bas, à cause de l’exclusion, du rejet, de la condamnation de ma sexualité, j’ai souvent été mis de côté. Je ne pouvais pas faire partie des cérémonies, car ils disaient que cela pouvait provoquer la confusion. Ma danse était, selon eux, trop féminine parce que je suis homosexuel. »

Narent ne cache pas avoir été choqué à son arrivée dans cette Église méthodiste. Voir des couples homosexuels ouvertement ensemble dans une Église l’a marqué. Car à 27 ans, il venait de sortir d’« un processus dit de “transformation”, un peu comme les thérapies de guérison de l’homosexualité. C’était du lavage de cerveau. On nous bourrait le crâne d’information. Ça a duré presque trois ans. Pourtant, je n’ai jamais arrêté d’être attiré par les hommes. Ici, j’ai retrouvé la paix. J’ai appris comment aimer Dieu sans me renier. Être homosexuel n’est pas un esprit à chasser, ce n’est pas une maladie, ni un pêcher. »

Ce type d’Église existe dans plusieurs villes colombiennes : Bogota, Cali, Carthagène, Santa Marta, Barranquilla… Et cela même si la Colombie est un pays à majorité catholique. Johan Salcedo, le pasteur en charge de l’église Lazos de Dios de Medellin vient de Bogota. Il s’est installé dans la « ville de l’éternel printemps » il y a quelques années.

Il explique que « l’Église méthodiste est une Église historique. Elle est née au XVIIIe siècle en Europe. Aujourd’hui, elle est présente dans toutes les colonies britanniques, aux États-Unis, et en Amérique centrale. Nous sommes 90 millions de fidèles à travers le monde. Elle a toujours été celle de l’inclusion. Par exemple, elle prenait position en faveur des réformes industrielles, contre l’esclavage et pour la défense des femmes. À partir de 2008, elle a commencé à s’intéresser aux communautés LBGTQ+. Le débat concernait le mariage et l’ordination de personnes diverses. »

Avant d’assumer son homosexualité, le pasteur a été marié et a eu deux enfants. « J’ai longtemps lutté pour savoir si j’aimais les hommes. J’ai mis du temps à accepter mon orientation sexuelle. J’ai fini par l’accepter en venant dans ce type d’église. Nous ne sommes pas anormaux ou malades. Nous sommes de belles personnes, comme les autres, qui peuvent apporter des choses à la société. »

« Pas d’argument biblique contre l’homosexualité »
Pour justifier son propos, Johan Salcedo fait référence à la Bible. « Il n’y a pas d’argument biblique ou théologique pour condamner l’homosexualité. Dans la Bible, il n’y a que six versets qui, apparemment, condamnent la diversité sexuelle. Je n’en citerai qu’un. Le verset lévitique 18 qui dit “Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme.” Si on prend sa forme littérale, rien n’est contestable. Mais les experts en étymologie biblique ont trouvé que le mot original écrit ici est “sachar” et cela signifie en hébreu “homme masculin infantile”, c’est-à-dire un enfant. Ce verset dénonce donc la pédophilie. Et aucun des autres versets dénonce l’homosexualité. »

En quatre ans, l’Église méthodiste colombienne de Medellin a réuni plus de 80 fidèles. La grande maison de deux étages qui sert de lieu de culte compte un espace d’éducation pour les enfants, une cuisine commune pour les évènements et un auditorium pour la messe du samedi. Dans la salle, l’ensemble de la communauté LGBTQ+ est représentée. Des personnes hétérosexuelles sont aussi présentes. Elles chantent en chœur les paroles des chansons religieuses sur fond de guitare électrique.

 

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