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La crise migratoire à Lampedusa au cœur d’une intense activité diplomatique

La crise migratoire qui touche Lampedusa fait depuis 48 heures l’objet d’une intense activité diplomatique. Elle a encore été au cœur d’un échange téléphonique ce samedi entre Emmanuel Macron et Giorgia Meloni. Le président français et la cheffe du gouvernement italien se sont engagés à « renforcer la coopération au niveau européen (…) pour trouver des solutions efficaces, immédiates et de plus long terme à cette crise ». Les deux dirigeants ont également évoqué « l’action conjointe » qui pourrait être menée par Paris et Rome en Méditerranée, a ajouté l’Élysée sans plus de précisions.

Une conférence téléphonique a aussi réuni dans l’après-midi les ministres de l’Intérieur français, italien et allemand, un représentant de la présidence espagnole du Conseil de l’Union européenne et la commissaire de l’UE aux Affaires intérieures Ylva Johansson. La conférence a été proposée par le ministre français Gérald Darmanin, qui s’était déjà entretenu vendredi matin avec ses homologues italien, Matteo Piantedosi, et allemand, Nancy Faeser. Rien n’a cependant filtré de leurs échanges.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se rendra sur place ce dimanche en compagnie et à l’invitation de Giorgia Meloni, qui a demandé hier soir que la question migratoire soit mise à l’ordre du jour du prochain sommet de l’UE en octobre. « La pression migratoire que l’Italie est en train de subir depuis le début de l’année est insoutenable », a jugé la cheffe du gouvernement italien, à la tête d’une coalition de droite et d’extrême droite.

Mais le sujet continue de mettre la cohésion européenne à rude épreuve. Alors que Paris défend « un devoir de solidarité européenne avec l’Italie », Berlin a annoncé cette semaine la suspension du mécanisme de solidarité européenne qui prévoit de relocaliser des demandeurs d’asile depuis le pays d’arrivée vers d’autres États membres volontaires pour les accueillir. Raison invoquée : le manque de coopération du gouvernement italien. L’Allemagne a depuis fait marche arrière et semble également prête à tendre la main à Rome. Mais sous condition : les relocalisations prévues par le mécanisme volontaire de solidarité européen pourront être remises en œuvre « à tout moment si l’Italie remplit son obligation de reprendre les réfugiés » conformément aux règles de l’UE.

Située à moins de 150 km du littoral tunisien, Lampedusa est l’un des premiers points d’escale pour les migrants qui franchissent la Méditerranée en espérant gagner l’Europe. Chaque année, pendant l’été, ils sont des dizaines de milliers à prendre la mer sur des embarcations de fortune. Entre lundi et mercredi, environ 8 500 personnes, soit plus que l’ensemble de la population de Lampedusa, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon les chiffres de l’agence des Nations unies pour les migrations. Le centre d’accueil des migrants construit sur l’île est prévu pour moins de 400 personnes. Alors que des centaines de migrants étaient évacués de l’île samedi matin, d’autres arrivaient par la mer. Selon la Croix-Rouge italienne, il y avait encore 2 500 migrants dans le centre d’accueil surchargé.

Avec le soutien appuyé de Giorgia Meloni, Ursula von der Leyen a signé en juillet un accord avec la Tunisie pour tenter de réduire le flot des migrants arrivant des côtes tunisiennes, en échange d’une aide financière à ce pays nord-africain confronté à de graves difficultés économiques. La Ligue, le parti anti-immigration de Matteo Salvini, membre de la coalition au pouvoir en Italie, avait tiré à boulets rouges sur cet accord.

Faute de place dans le centre d’accueil de Lampedusa, des centaines de personnes ont dû dormir dehors, dans la rue, bénéficiant parfois de la générosité des habitants qui leur ont apporté de l’eau et de la nourriture. Un total de plus de 127 000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, près du double par rapport à la même période en 2022.

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