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CPI:” Et si le sort de Jean-Pierre Bemba ressemblait et guettait Soro ?”

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jean pierre bemba

L’ancien chef de la rébellion du Mouvement pour la libération du Congo( Mlc), Jean-Pierre Bemba, passera les 10 prochaines années derrière les barreaux.

Il a été, en effet, condamné, le mardi 21 juin 2016, à 18 ans de prison par la Cour pénale internationale (Cpi), au terme de 8 années de procès. L’ex-vice-président de la République démocratique du Congo (Rdc) a été sanctionné pour sa responsabilité dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, supposés avoir été commis par les troupes répondant de lui, en Centrafrique en 2002-2003.

A l’époque des faits, les soldats se réclamant du Mlc de Jean-Pierre Bemba, avaient été sollicités par le président centrafricain d’alors, Ange-Félix Patassé, dont le régime était attaqué par les rebelles de François Bozizé. C’est plusieurs années après que celui-ci a été arrêté en Europe et traduit devant la Cpi pour répondre des crimes, notamment des viols et pillages, dont se seraient rendus coupables des soldats qu’il avait « prêtés » au président Patassé, alors en difficulté. Jean-Pierre Bemba paie donc pour sa responsabilité en tant que commandant du Mlc au moment des faits. « La Cpi sanctionne un donneur d’ordre », commente une consœur de Radio France internationale (Rfi).

Pour sa part, l’avocat centrafricain, Bruno Yacinthe Gbiegba, Coordonnateur de la coalition pour la Cpi en Centrafrique, indique que c’est un message envoyé à tous les chefs de guerre, dont les hommes commettent des exactions à travers le monde. « Ils répondront tôt ou tard des crimes commis par leurs hommes », exulte-t-il. Forent Geel de la Ligue internationale des droits de l’homme (Fidh) est également de cet avis, lui qui estime que c’est « un signal fort à tous ces commandants et seigneurs de guerre, qui laissent des crimes être commis par leurs troupes ». C’est en cela que le cas Bemba devrait interpeller l’ex-chef de la rébellion ivoirienne, Guillaume Soro.

L’issue du procès Bemba incline à penser qu’il pourrait avoir des soucis à se faire si tant est que le verdict infligé à l’ancien vice-président de la Rdc, a une fonction pédagogique ; l’objectif avoué étant de donner un signal aux seigneurs de guerre, dont les soldats ont perpétré ou continuent de commettre des exactions sur les populations. Certes l’ex-leader des Forces nouvelles (ex-rébellion) n’est pas, à ce jour, poursuivi par la Cpi. Aucune information officielle ne fait état de ce qu’il est dans le viseur de la procureure de cette juridiction internationale. Il ne fait pas non plus l’objet d’un quelconque mandat d’arrêt international. Il reste qu’en raison de son passé de chef de rébellion, il n’est pas à exclure qu’il soit, un jour, dans le viseur de la Cpi ; d’autant que celle-ci dit être en train d’enquêter sur les crimes qui auraient été commis par des soldats durant les années de rébellion mais aussi par des forces pro-Ouattara pendant la guerre post-électorale.

Par ailleurs, comme on le note avec le cas Bemba, le leader des ex-Forces nouvelles pourrait être inquiété par Fatou Bensouda à l’avenir, si ses contempteurs décident de le liquider politiquement. Il suffirait d’invoquer sa responsabilité, en tant que premier responsable de la rébellion, dans les exactions et crimes dont la commission aura été établie. Ou simplement dans les crimes commis par les forces pro-Ouattara durant le conflit post-électoral et qui ont été documentés par la Commission nationale d’enquête, mise sur pied par Alassane Ouattara, au sortir de ces affrontements.

Au moment des faits, Guillaume Soro était ministre de la Défense. Les troupes combattant, à ce moment-là, pour le compte du camp Ouattara ne répondaient-elles pas de lui ? Ne peut-on, comme c’est le cas de Bemba, lui imputer une quelconque responsabilité dans les actes posés par ces troupes ? Pour Soro, la réponse est non. « Je n’étais pas le chef suprême des armées », se défend-il dans une interview accordée, en fin de semaine dernière, au confrère Le Monde. Autrement dit, si quelqu’un devait être tenu pour responsable des actes imputés à ces forces pro-Ouattara, il faut aller voir du côté de celui qui était alors le chef suprême des armées. En clair, s’il fallait rechercher l’équivalent de Jean-Pierre Bemba dans le camp Ouattara, ce n’est pas lui, Soro.

Assane NIADA

 linfodrome

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