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Cote d’ivoire:Voici Le dernier discours de Gbagbo jamais lu du 23 Mars 2011

Gbagbo et simoneMain


Mers chers Compatriotes, La Côte d’Ivoire vit en ce moment les heures les plus graves de son histoire. Depuis la tenue du deuxième tour des élections présidentielles, notre pays traverse une crise sans précédent, marquée par des violences que nous condamnons fermement.

Appelée à la rescousse, l’Union Africaine a dépêché plusieurs missions en Côte d’Ivoire que j’ai accueillies à bras ouverts et avec lesquelles je me suis personnellement entretenu. Il y a quelques jours, le Panel composé de cinq Chefs d’Etat a rendu une décision.

Je voudrais rappeler le sens de mon engagement politique. Depuis l’ère du Parti Unique, je me suis engagé très tôt à m’opposer à toute forme de répression des libertés individuelles, à la pensée unique et à la restriction de l’espace politique.
J’ai mené ce combat dans la dignité, depuis la clandestinité jusqu’au multipartisme dont la Côte d’Ivoire connaît aujourd’hui les délices et les soubresauts.

Dans mon combat, j’ai fait prévaloir mes idées face à la force brutale. Ma culture politique, mon inspiration idéologique et ma foi ne m’auraient pas autorisé le recours à la force pour changer l’espace politique en Côte d’Ivoire avant et après le multipartisme. J’ai mené ce combat avec mes amis toujours fidèle, ma famille et vous tous qui m’avez toujours porté dans votre cour.

Quand en 1995, j’ai refusé de participer aux élections si tous les fils de Côte d’Ivoire n’étaient pas éligibles, j’ai encore subi des foudres et nombre de mes partisans ont perdu leurs vies dans ce que nous avions appelé « le boycott actif ».
Hommage leur soit rendu. J’ai ensuite continué à promouvoir la liberté et la diversité de notre Côte d’Ivoire. L’éclosion de la presse, la naissance de nombreux partis politiques, l’expression libre, la culture de concertation et de dialogue sont humblement à mettre à l’actif de notre combat.

Afin de mettre fin à la transition militaire en 2000, j’ai engagé mon Parti politique, le FPI, dans les échéances électorales.
Notre pays, la Côte d’Ivoire, était au bord du chaos avec la rupture de l’ordre républicain. Comme toujours, mes partisans et également les amis de la Côte d’Ivoire nous ont aidés à arracher la victoire malgré les tentatives de spoliation. Le peuple ivoirien, comme un seul homme a dit non et s’est dressé pour faire barrage à la distorsion des résultats des élections.

Lorsque j’ai été investi dans mes fonctions de Président de la République après le 24 Octobre 2000, je me suis automatiquement attaché à mettre en ouvre ce que j’avais promis aux Ivoiriens depuis le début de ma vie politique : l’assurance maladie universelle, la protection sociale de nos valeureux planteurs, l’école gratuite pour tous les enfants de Côte d’Ivoire, la décentralisation pour favoriser le développement et corriger les déséquilibres régionaux, l’électrification des villages, la construction de routes, d’hôpitaux, d’écoles et d’infrastructures adéquates pour la nouvelle Côte d’Ivoire.

Les projets étaient nombreux et certains d’entre eux connaissaient un début de réalisation. Je mettais en ouvre les promesses que j’avais faites aux Ivoiriens et sur la base desquels ils m’avaient élu. Je le faisais en garantissant les libertés chèrement acquises et la démocratie.

Cependant, les tentatives de déstabilisation successives auxquelles la Côte d’Ivoire faisait face depuis mon investiture obligeaient à poursuivre les efforts de développement en s’assurant en même temps de la stabilité du pays, de l’intégrité du pays et de la sécurité des Ivoiriens.

Nous avons fait échec aux tentatives de coup d’Etat, de partition, de déstabilisation. En 22 mois d’exercice du pouvoir, de nombreuses tentatives ont été déjouées, jusqu’à la tentative la plus grave du 19 Septembre 2002. Les déstabilisateurs ont lâchement profité de mon absence du pays pour mettre la Côte d’Ivoire à feu et à sang.
Certains de mes fidèles collaborateurs et amis ont été froidement assassinés. De nombreux Ivoiriens innocents ont été tués.

Mais notre valeureuse Armée a fait face et a fait barrage à cette énième tentative de déstabilisation de la Côte d’Ivoire.
Quand suite à cet échec, la moitié Nord du pays a été occupée par les rebelles, nous avions le pouvoir de les en déloger mais soucieux des principes internationaux nous avons accepté les interventions des Nations-Unies et de certains amis de la région afin de maintenir l’ouverture pour un dialogue et une solution pacifique.

Je n’oublierai jamais à cette occasion la formidable mobilisation des Ivoiriens qui ont déferlé par millions dans les rues de Côte d’Ivoire et dans les capitales occidentales pour dénoncer ce complot contre notre pays.
Les mobilisations et les manifestations de soutien resteront gravées dans ma mémoire comme l’expression du refus de domination extérieure par les Ivoiriens.

Mais encore une fois et afin de donner la paix à la Côte d’Ivoire et contre beaucoup d’avis, j’ai accepté d’intégrer les rebelles et toutes les forces politiques de Côte d’Ivoire dans un Gouvernement.
Ce Gouvernement a fonctionné tant bien que mal. Il m’a fallu alors gérer la crise et en même temps continuer à améliorer les conditions de vie des Ivoiriens, comme je m’y étais engagé à mon élection en 2000.

J’ai ensuite favorisé la mise en place des textes, des institutions, des procédures des opérations de révision des listes électorales, l’attribution de cartes d’identité et toutes les conditions nécessaires à la tenue d’une élection réellement démocratique.

L’histoire dira un jour si les fraudes que nous avons observées dans les bastions de nos adversaires, les intimidations dont mes partisans et mes représentants ont été victimes et la partialité de certains membres de la Commission Electorale Indépendante n’étaient pas fondées.
J’ai toujours lutté pour prendre le pouvoir par la voie des urnes et non celles des armes. Je suis resté fidèle à ma ligne de conduite, malgré les turbulences sécuritaires et politiques.

Le sang a beaucoup coulé en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens ne méritent pas de mourir pour leurs idées différentes ou pour des combats politiques. C’est contre cela que j’ai combattu toute ma vie. Il faut que ces violences s’arrêtent.

Il faut donner la chance à nos enfants de bâtir une Nation prospère. Je remercie tous les Chefs d’Etat amis qui nous ont aidés depuis le début de la crise et qui n’ont pas ménagé leurs efforts malgré de multiples critiques et pressions.

La Côte d’Ivoire vous sera toujours reconnaissante de votre engagement à ses côtés. Le combat pour l’indépendance et la liberté continue. Mais à ce stade de notre histoire, il faut prendre des décisions courageuses et assumer ses responsabilités.

Je déclare solennellement que je me plie aux décisions du Panel des Chefs d’Etat, pour sauver la paix. Je vous remercie pour le soutien que vous m’avez toujours apporté.

A ceux que j’ai offensés dans l’exercice de mes fonctions, je voudrais vous demander pardon. L’exercice du pouvoir comporte des réalités souvent difficiles à gérer.

Je souhaite bonne chance au nouveau Président et voudrais l’assurer de mon total soutien dans la conduite des affaires de la Côte d’Ivoire. Que Dieu bénisse la Cote d’Ivoire.

Abidjan, le 17 mars 2011 Laurent Gbagbo

APRnews – Tiémoko O.

 

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