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Dire que ‘’ ça ne va pas ‘’ entre Henri Konan Bédié (Pdci) et Alassane Ouattara (Rhdp); Ils sont en désaccord profond sur le mode de gestion du pouvoir en 2020.

Dire que ‘’ ça ne va pas ‘’ entre les présidents du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Henri Konan Bédié, et le chef de l’État et président du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Alassane Ouattara, relève d’un euphémisme. Tant la crise du Parti unifié et de l’alternance au pouvoir en 2020 a sérieusement détérioré leurs relations. La dernière rencontre en date entre les deux personnalités remonte au mercredi 08 août 2018.

Elle n’arrange rien cependant, sinon consacre encore un peu plus l’élargissement du fossé de la division entre ces leaders houphouëtistes, qui ne s’adressent pas la parole depuis plusieurs mois. Les habituelles consultations de ‘’ l’aîné ‘’ par ‘’ le cadet ‘’ sur les questions importantes pour la vie de la nation sont de lointains souvenirs. Les rencontres bipartites ou multipartites pour la création d’un Parti unifié sont reléguées aux calendes grecques, le projet lui même quelque peu compromis. Ce 8 août, justement, le président Henri Konan Bédié effectue le déplacement de la résidence du président Alassane Ouattara et lui annonce le retrait de son parti de la coalition Houphouëtiste. Le Pdci se dresse désormais face au Rhdp comme un farouche adversaire pour les échéances électorales à venir, notamment la présidentielle de 2020.

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Les héritiers d’Houphouët-Boigny sont en désaccord profond sur le mode de gestion du pouvoir en 2020. Le parti vert et blanc réclame, sans concession, une alternance au parti républicain, selon les clauses d’un deal qui aurait été passé entre les deux leaders. Le Pdci, qui a apporté son soutien sans faille au Rdr pendant les élections de 2010 et 2015, attend le retour de l’ascenseur. Mais le parti au pouvoir n’entend pas faire droit à cette requête de son ex-allié.

Impasse totale. Comme l’a dit le président Henri Konan Bédié lui-même, ‘’ la politique, c’est l’art des impossibles ‘’. Tout est donc possible en politique. Mais la réconciliation entre les deux leaders peut-elle encore se faire ? A en croire un haut cadre du vieux parti, Bédié et Ouattara n’ont d’autre choix que de se réconcilier. « Ils savent leur responsabilité dans le maintien de la paix et de la cohésion en Côte d’Ivoire. Ils vont donc se retrouver, ils avaient chacun besoin de montrer ses forces pour obtenir le respect de l’autre. Je pense qu’ils se sont suffisamment mesurés, maintenant ils vont s’entendre », explique ce cadre, qui informe par ailleurs que de nombreuses actions souterraines sont menées dans ce sens. « Que ce soient des religieux, des chefs traditionnels, des diplomates et des acteurs de la vie politique, il y a d’incessants ballets entre Abidjan et Daoukro, visant à rapprocher les deux hommes », se réjouit-il.

« Cette crise est allée trop loin. Elle a dépassé les frontières politiques, elle est devenue une bataille d’égo et d’honneur, entretenue par les frustrations et autres humiliations. Quand on atteint ce stade, les choses deviennent très compliquées », bat en brèche un autre ponte du Pdci, qui ne croit pas du tout en une réconciliation entre les deux hommes politiques. Il croit savoir que Bédié s’est senti humilié en tant que chef akan. « Dans cette affaire d’alternance en 2020, il passe pour être un menteur, ce qui est très difficile à accepter pour lui », maintient le cadre du parti septuagénaire. A 84 ans, Henri Konan Bédié veut donc ‘’ laver l’affront ‘’, face à un Alassane Ouattara plus que déterminé à tenir tête à son aîné Houphouëtiste. Dans les couloirs de la présidence de la République, l’attitude du Pdci est jugée ‘’ inacceptable ‘’. « Ils ont tout eu de ce pouvoir, plus qu’ils n’espéraient, mais il n’a jamais été question d’alternance absolue pour un cadre du Pdci. Où avez-vous vu qu’un parti politique prend le pouvoir et le cède aussi facilement à un autre parti politique ? Un parti politique est créé pour prendre le pouvoir et l’exercer », martèle un baron du Rdr. Il insiste que le parti républicain ne peut pas avoir fait tout ce parcours semé d’obstacles en tous genres, de meurtrissures, de morts, d’humiliations, même de la part du Pdci, et venir transmettre le pouvoir après ‘’ seulement ‘’ dix ans d’exercice. Cette vérité n’est pas dite au grand jour, mais elle est partagée par la majorité des militants du Rdr.

Qui laisse, qui prend ? La pomme de discorde est donc connue. Il s’agit de l’exercice du pouvoir en 2020. Les deux prétendants houphouëtistes veulent, chacun, occuper le trône. Et pour qu’ils puissent s’entendre et se réconcilier, il faut que l’un renonce à ses ambitions pour 2020 au profit de l’autre. Mais qui laisse, qui prend ? C’est là où le bât blesse.

Au Pdci, Henri Konan Bédié et ses hommes pensent avoir déjà consenti deux grands sacrifices. Celui de renoncer au pouvoir pour Alassane Ouattara en 2010, puis en 2015. Le leader du Pdci s’est même heurté à une fronde en interne menée par des cadres qui combattaient cette renonciation du Pdci et qui ont été qualifiés d’ ‘’ irréductibles ‘’. Une destitution de Bédié était même envisagée. Après ces deux batailles, affaibli par le poids de l’âge, le sphinx de Daoukro pourra-t-il contenir une autre fronde, s’il lui arrivait d’abandonner les ambitions du Pdci et de se ranger du côté du Rhdp ? Pas si sûr. Au sein du vieux parti, les velléités d’affranchissement d’une sorte de domination du Rdr sont de plus en plus fortes. Des cadres comme Maurice Kacou Guikahué, Jean Louis Billon, Noël Akossi Bendjo, farouches défenseurs de l’alternance, ne mènent pas seulement le combat pour Bédié, mais aussi pour leur survie politique.

Au Rdr, Alassane Ouattara est déjà confronté à une guerre sans merci en interne entre pro-Soro, pro-Hamed Bakayoko et pro-Amadou Gon pour la succession. Une crise qu’il gère tant bien que mal, et dont les conséquences sont palpables, notamment avec le grand froid qu’il y a entre les Soroïstes et les pontes du Rdr, toujours sur la question de la succession. Dans un tel contexte, peut-il prendre le risque de concéder une alternance au pouvoir à un cadre du Pdci, sans subir le courroux de ses propres lieutenants et militants ? Pas aussi sûr.

Hamadou ZIAO

 

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