04272024Headline:

Le recrutement forcé de soldats érythréens s’est «multiplié», selon un rapport de l’ONU.

Le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation en Érythrée a présenté son rapport annuel devant le Conseil des droits de l’homme à Genève. Comme depuis la création de cette fonction en 2012, aucun progrès n’a été constaté dans ce petit pays très fermé de la Corne de l’Afrique, l’un des plus importants pourvoyeurs de réfugiés sur le continent. À cause de la guerre en Éthiopie voisine, dans laquelle l’Érythrée était impliquée, la situation « s’est nettement détériorée » pour les jeunes conscrits, écrit-il.

Les rafles visant au recrutement forcé de soldats, une pratique redoutée par les Érythréens depuis des années, « se sont multipliées » pendant la guerre en Éthiopie, dit le rapporteur spécial de l’ONU Mohamed Babiker. « Ils vont de maison en maison et prennent tout le monde, ne laissant que les mères derrière eux », raconte ainsi un Érythréen récemment revenu d’Asmara. Un autre, dont la famille a été raflée dans un village, explique qu’après que « tous les hommes » ont été arrêtés, seul un vieillard de 70 ans a été libéré. Les autres, dit-il, « ont tous été envoyés au Tigré ».

Ces coups de filet, appelés « giffa » en tigrinya, n’ont pas concerné que les résidents érythréens, explique-t-il. Des centaines de réfugiés, hommes et femmes, capturés dans les camps de Hitsats et Shimelba en Éthiopie pendant la guerre, ont été « maintenus en détention et contraints de retourner combattre », en compagnie des lycéens ayant achevé leur formation au camp militaire de Sawa où se déroule la dernière année d’éducation secondaire.

Parmi les combattants, le rapporteur spécial a aussi identifié des enfants « âgés de 16 ou 17 ans », sommairement entraînés et tués au combat. Mohamed Babiker évoque même des « rafles d’enfants » de 14 ans, sans que leurs parents n’aient jamais été informés.

L’ambassadeur érythréen a, cette année encore, démenti toutes ces informations, qu’il a qualifiées de « non fondées » et « provenant de sources sélectionnées, anonymes et douteuses ». Ni l’Érythrée ni l’Éthiopie n’ont autorisé le rapporteur spécial à se rendre sur place.

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