04272024Headline:

Mali: Des heures supplémentaires s’imposent aux magistrats.

“Après trois mois de grève des magistrats, les dossiers se sont accumulés et nous sommes beaucoup débordés”, affirme le substitut du procureur du Tribunal de première instance de la commune V de Bamako Sékou Traoré, ajoutant qu’il est obligé de faire des heures supplémentaires parce qu’”il y a des dossiers urgents”.

Engagés depuis fin juillet dans une grève illimitée, sans véritable service minimum, pour réclamer plus de sécurité et une augmentation de salaires, les magistrats maliens ont également paralysé plusieurs services de l’administration publique rattachés aux juridictions.

“Il y a beaucoup de dossiers importants en attente, des casiers judiciaires, des certificats de nationalité et autres, mais certains doivent être traités au plus vite. C’est le cas des procès-verbaux (PV) qui nous viennent des gendarmeries et des commissariats”, explique Sékou Traoré, “présent à son bureau depuis 07h30 (GMT et locale), mais déjà débordé”.

“Pour cette première semaine de reprise du travail, nous venons tôt et nous rentrons souvent très tard”, poursuit le substitut du procureur, estimant que “cela est nécessaire pour désengorger le flux de dossiers en souffrance”.

“Nous sommes obligés de faire des heures supplémentaires pour rattraper le temps perdu”, lance, entre deux coups de fil, le porte-parole des syndicats des magistrats, Aliou Badra Nanakassé, très affairé à la Cour suprême de Bamako.

Durant les 100 jours qu’a duré la grève des magistrats, les autorités maliennes ont lancé le concours de la fonction publique, et certains dossiers pour postuler devraient forcement émaner d’une juridiction. Du coup Sando Touré, diplômé en marketing de gestion, et intéressé par une carrière de douanier, a fait partie de la foule présente chaque jour dans les tribunaux, lors de cette première semaine de retour au travail du corps juridique.

Lancée le 05 octobre, la réception des dossiers de candidatures pour le concours direct de la fonction publique 2018 au Mali devait se faire jusqu’au 06 novembre, soit en un mois.

“J’ai fait une demande de certificat de nationalité. Le greffier qui m’a reçu m’a demandé de repasser le récupérer” le lendemain, s’est exclamé tout sourire, Sando Touré qui n’a pas caché sa joie de pouvoir “enfin avoir (ses) dossiers au complet”, pour candidater à ce concours dont il rêve.

Si Sando peut pousser un ouf de soulagement, ce n’est pas encore le cas pour maître Mahamadou Traoré, un avocat impatient de faire rouvrir le dossier de sa cliente maintenue en garde à vue depuis début août.

Comme la cliente de cet avocat, des milliers de personnes ont patienté trois mois dans les geôles du Mali, attendant la fin de la grogne des magistrats.

“Maintenant que nous avons repris, nous devons nous mettre activement au travail pour effacer le tort causé aux populations”, soutient avec un air d’engagement le substitut du procureur du Tribunal de première instance de la commune III, Koké Coulibaly.

Dans ce même Tribunal, le président Faradji Baba, assure que “les audiences ont repris et se tiennent à un bon rythme”.

Au bout de trois mois de grève illimitée, les magistrats maliens ont suspendu leur mot d’ordre, après un accord conclu avec le gouvernement qui s’est engagé à renforcer leur sécurité sur leurs lieux de travail. Pour le second point de leurs revendications, relatif à une augmentation de salaire, ils ont dû se contenter d’une promesse du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita qui s’est engagé à y donner une suite favorable, en 2019.

 

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