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Abidjan : hors d’Anoumabo, le Femua se cherche un nouveau souffle

Pour sa 11e édition, le festival de musique ivoirien, qui s’est ouvert mardi, a quitté son site historique d’Anoumabo et tente de fédérer un public toujours plus large dans le pays, sans perdre son âme.

La rue principale du village d’Anoumabo paraît bien déserte. Quelques habitués seulement sirotent des bières dans les maquis traditionnellement bondés les jours de festival. Pas de scène, pas de loges, pas de grilles pour contenir les milliers de spectateurs qui se pressaient plus nombreux d’année en année pour admirer les plus grandes stars du continent. C’est que cette année, le Femua, Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo, ne se fera pas à Anoumabo.

Certes, la rue accueille bien l’espace « Femua Kids » où vont s’égayer des centaines d’enfants, sensibilisés cette année aux dangers de la migration. Mais le gros des animations, prévues du 17 au 22 avril, se déroulera à 15 minutes à pieds du berceau historique, voire affectif du Femua, à l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS). C’est là, dans le stade réquisitionné pour l’occasion, que la scène a été montée pour recevoir – entre autres – Soprano, Sidiki Diabaté, Lokua Kanza et Yemi Aladé.

Plus de 20 000 personnes attendues

Pour l’heure, devant elle, quelques hommes égalisent encore à la machette la pelouse sous des nuages d’orage. La tribune VIP a été montée, et deux espaces ont été délimités pour se désaltérer sous d’innombrables fanions et publicités de sponsors. Les journalistes et les chanteurs sont logés dans les préfabriqués bleu et jaune vif, flambants neufs, bâtis dans la même enceinte de l’INJS pour les Jeux de la francophonie l’année passée, face à la lagune.

Des grands écrans installés pour retransmettre en direct les concerts

« À l’INJS, nous pourrons accueillir plus de 20 000 spectateurs », affirme un membre de l’organisation, qui mise sur des grands écrans retransmettant en direct les concerts pour permettre à tous de profiter du spectacle. Mais pour l’heure, face au stade vide près duquel déambulent des grappes de policiers, sans les effluves du poulet braisé, les gamins qui se chamaillent de retour de l’école, les mamans qui vendent des babioles au pas de leurs portes, difficile de retrouver le souffle unique et familier du festival populaire.

« Sans Anoumabo, le Femua n’est plus le Femua ! »

Le déménagement, pourtant, semblait inéluctable. Le bitumage de la rue principale d’Anoumabo aurait compliqué cette année la manifestation. Surtout, l’année dernière, des mouvements de foules avaient failli provoquer l’annulation des concerts. Réalisé au départ avec des stars locales devant un public local, le Femua, en attirant les foules, est finalement victime de son succès.

A’Salfo nous a promis que le Femua reviendrait chez nous rapidement

La chefferie du village veut néanmoins rester optimiste. « Le directeur du festival, A’Salfo, nous a promis que le Femua reviendrait chez nous rapidement, souligne Danho Daké, porte-parole de la chefferie. Sans Anoumabo, le Femua n’est plus le Femua ! » A’Salfo, le leader du groupe Magic System, de son vrai nom Salif Traoré, a déjà beaucoup donné à ce quartier populaire où il a grandi. En y construisant par le biais du festival une école, en multipliant les dons aux hôpitaux, « mais surtout en donnant au village une reconnaissance planétaire », note Danho Daké, qui voit mal l’enfant du quartier abandonner les siens.

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