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Côte d’Ivoire : Cocody est-elle toujours la coquette?

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C’est la commune la plus sélecte du district et du pays. Des demeures cossues, de larges avenues, les meilleurs établissements scolaires et médicaux… De quoi attirer les personnalités et les gros revenus.

Les nombreux surnoms dont on l’a affublée sont sans équivoque. De “Cocody la belle” à “Cocody la luxueuse”, en passant par “le triangle d’argent”, cette commune du centre d’Abidjan est connue pour compter la plus forte concentration de VIP au mètre carré et abriter les plus grosses fortunes du pays, tant ivoiriennes qu’étrangères.

Son maire, Mathias Aka N’Gouan, a beau souligner qu’elle compte tout de même 36 % de pauvres (c’est-à-dire de personnes vivant avec moins de 450 F CFA par jour, soit 0,68 euro, le seuil national de pauvreté) et que le niveau de vie des populations est très variable selon ses villages, aujourd’hui comme hier, Cocody apparaît, avant tout, comme la commune la plus chic de la ville, et même du pays. Y vivre est signe de réussite. Certains cadres et “nouveaux riches” n’ont d’ailleurs qu’une obsession : quitter la plèbe d’Abobo, de Yopougon ou d’Adjamé pour venir s’installer ici, parmi l’élite.

Une image confortée par les équipements et les infrastructures dont bénéficie la commune. À commencer par le Sofitel Ivoire, héritier du mythique hôtel Ivoire, premier et unique cinq-étoiles du pays, entièrement rénové en 2011, avec sa vue imprenable sur le Plateau, Treichville et Marcory. Plus au nord, quelques lounges très sélects comme le Zino (Deux-Plateaux) ou le Rooftop (Riviera-II). Il y a aussi l’immense Polyclinique internationale Sainte-Anne-Marie et son plateau technique de pointe, l’un des plus modernes d’Afrique de l’Ouest, ainsi que les lycées Blaise-Pascal et Jean-Mermoz, des établissements scolaires de référence pour les expatriés français qui ont élu domicile dans la commune.

À Cocody, il est rare de voir une avenue ou une rue défoncée.

À Cocody, il est rare de voir une avenue ou une rue défoncée. Les artères principales (boulevards de France, de l’Université, des Martyrs, François-Mitterrand…) comme les voies secondaires (avenues de l’Entente, Aka, rue Monseigneur-Kouassi…) sont propres, bien entretenues et bichonnées, à l’image des bâtiments et villas qui les bordent. Dans les quartiers de Danga et de Cocody-Ambassades, qui jouxtent la résidence présidentielle (construite par Houphouët-Boigny), les belles demeures des diplomates, des actuels et des anciens barons de la politique ou des affaires se succèdent, alternant architecture coloniale et design contemporain.

Quand ils ne sont pas logés au Sofitel Ivoire, les invités de marque du pays sont d’ailleurs hébergés dans de grandes résidences (d’État ou privées) de Cocody-Ambassades. C’est le cas du souverain marocain Mohammed VI qui, lorsqu’il vient à Abidjan, y prend ses quartiers dans une résidence-forteresse.

Quartiers aménagés pour résidents fortunés

Depuis que le président Alassane Ouattara y a posé ses valises, après la destruction de sa résidence de Cocody-Ambassades pendant la crise politicomilitaire de 2002, la zone Riviera-Golf a vu emménager quelques personnalités, notamment des ministres, comme Cissé Bacongo (Fonction publique), et des people, comme la star camerounaise de football Samuel Eto’o, désormais voisins du chef de l’État.

Par ailleurs, le centre de la commune étant saturé, d’autres quartiers ont été aménagés pour accueillir de nouveaux résidents fortunés : Beverly-Hills, Palmeraie-Extension, Deux-Plateaux, Angré-7e-Tranche, 8e-Tranche… où certains riches propriétaires n’hésitent pas à faire construire des demeures extravagantes, d’autres à copier l’architecture de villas de luxe européennes ou américaines, y ajoutant parfois même des cheminées. Le quartier de Beverly-Hills est certainement celui qui cumule désormais tous ces excès : larges avenues, immenses résidences cachées derrière de hauts murs équipés de systèmes de sécurité de dernière génération… On frôle la “bunkérisation”.

 

Les loyers flambent

Depuis le retour à la stabilité, en mai 2011, les Abidjanais n’ont pas attendu longtemps avant d’être confrontés à la flambée des prix de l’immobilier, dans les quartiers chics comme dans les plus simples. Alors que les salaires moyens mensuels sont compris entre 36 000 et 60 000 F CFA (entre 55 et 91,5 euros), à Yopougon, dans les quartiers populaires d’Ananeraie ou de Maroc, un studio se loue entre 40 000 et 50 000 F CFA, et un appartement de 3 pièces entre 80 000 et 120 000 F CFA.

Abidjan a rejoint Dakar en matière de prix de l’immobilier.

L’affluence d’étudiants et de cadres venus (ou revenus) de l’étranger, comme ceux de la Banque africaine de développement, rend les coûts des loyers intenables, même pour les plus aisés. “Abidjan a rejoint Dakar en matière de prix de l’immobilier”, explique un fonctionnaire international. Un appartement dans les beaux quartiers de Cocody (Cannebière) ou de Marcory (Zone 4 ou Biétry), comme à Dakar-Plateau ou aux Almadies, dans la capitale sénégalaise, peut désormais se louer à plus de 1 million de F CFA par mois.

Jeuneafrique.com

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