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Digbeu Cravate :Voila pourquoi “L’Africain n’aime pas la vérité”

digbeu cravate

 

«Le coup du sombréro, la panenka, le but en or, le 12e homme, le petit pont, l’aile de pigeon, le tacle glissé, le coup du chapeau, le coup de pied de coin…», voilà entre autres, quelques expressions footballistiques que le Professeur de foot, Digbeu Cravate s’est evertué à expliquer aux téléspectateurs, sur la chaîne Canal +, à l’occasion de la dernière Coupe du Monde au Brésil. Avec ses mots à lui, dans un humour à la sauce gondwanaise.

Après cette aventure, le comédien et humoriste ivoirien s’active avec “Gondwana City Production”, sur de nouveaux projets. Qu’il dévoile dans cette entrevue. Sans sa cravate qu’il a rangée en attendant le prochain évènement.

• Comment va monsieur le Prof de foot ?

– (Rires), ça va, je me porte à merveille.

• Après la coupe du monde, on ne t’a plus revu ?

– Beh…Ceux qui me cherchent savent où me trouver. Aujourd’hui pour me rencontrer, il faut prendre attache avec Gondawana City Production, comme vous l’avez fait d’ailleurs pour cette interview. Le projet avec Canal +, à travers «Le Prof de foot», c’était surtout pour intéresser et égayer les gens lors de la fête du foot au pays du roi Pélé. Après l’aventure du Mondial 2014, je suis de retour au Gondwana, avec d’autres projets.

• Apparemment les choses marchent bien pour toi, tu sembles très inspiré là…

– (Il rit), Je n’ai rien usurpé, c’est le fruit d’un travail de longue haleine. Je bosse dur dans l’ombre depuis quatre ans maintenant. Ce n’est pas parce que je suis beau ou clair qui fait que je suis là. Mais c’est le résultat du travail bien fait.

• Tu es devenu Prof de foot entre- temps. C’était quoi exactement?

– Un prof de foot c’est quelqu’un qui a une bonne connaissance du football, qui sait expliquer dans les moindres détails un système de jeu, même donner des conseils à un entraîneur et à un joueur. C’est ce que je faisais si bien avec mes explications sur la chaîne Canal + à la dernière Coupe du monde. Il ya certaines expressions du foot que les gens entendent toujours mais ne savent pas réellement ce que ça veut dire. Voyez-vous, des expressions telles, “le Contrôle orienté”, “faire une transversale”, “la reprise de volée”, “la contre-attaque”, “la ligne médiane”… à part les puristes du foot comme nous autres, (il rit), beaucoup de gens n’en connaissaient pas la signification.

• Avec tes explications aussi rigolotes, penses-tu que les spectateurs arrivaient à te suivre ?

– Les échos que je recevais étaient positifs. Je recevais beaucoup de SMS d’encouragement. Même les femmes qui ne s’intéressent pas toujours au foot, venaient comprendre. Parce que mine de rien, j’instruisais les gens.

Aujourd’hui, je crois que beaucoup d’expressions footballistiques à travers cette lucarne, n’ont plus de secret pour bien des gens.

• Oui, mais, on disait que tes histoires-là n’ont souvent ni tête ni queue. Tu faisais du coq à l’âne ?

– (Il sourit) Pas du tout. C’était pour mieux éclairer les gens que je donnais des exemples terre à terre, qui, souvent sortent carrément du cadre du foot. Quand tu finis de donner ces exemples-là, tout le monde arrive à comprendre mieux, et on te dit : «hanhhh, c’est comme ça ?».

• Et les spécialistes du foot, qu’est-ce qu’ils en pensent ?

– Les consultants et les spécialistes du foot pendant le Mondial, après chaque match, attendaient d’avoir mes analyses. Ils disaient : «on va voir la réaction du prof de foot, qu’est-ce qu’il en dit ?» Il faut dire aussi qu’à Canal, l’idée a été très bien accueillie, surtout avec l’humour qui entourait cette capsule de 2 minutes. Ils ne s’attendaient pas à une telle chose venant des Africains. L’humour africain n’est pas vendu en Europe. Et nous, notre but à Gondwana City production, c’est de faire connaître l’humour africain en Occident à travers ces opportunités- là.

• Et les joueurs ?

– Ils ont beaucoup adoré, surtout les athlètes africains. Ils me confiaient qu’ils se sont beaucoup marré lors des mises au vert à l’hôtel. Ceux qui n’arrivaient pas à assister en direct, allaient après sur Internet pour suivre.

• Qui écrivait les textes ?

– C’est Mamane qui concevait les textes. C’est d’ailleurs lui, à travers Gondwana City Production qui a fait émerger l’idée. Et l’a proposée au groupe Canal qui l’a trouvée assez géniale. Quand il écrivait, on se retrouvait après tous les deux pour harmoniser, voir ce qu’il faut changer ou ajouter.

• Toi qui expliques le foot aux gens, sais-tu taper au moins dans le ballon ?

– Je suis un grand numéro 10, (Rire). Malgré mon poids, je fais d’excellentes choses sur le rectangle vert. Je vous apprends même que je suis le meilleur butteur de mon équipe.

• Comment le prof de foot explique-t-il les échecs répétés des Eléphants ?

– C’est la fin d’un cycle. On devait s’attendre à cela. On a une nouvelle équipe qui est en reconstruction, avec un nouvel entraîneur, Hervé Renard. Il va falloir être patient. Nous avons de nouveaux jeunes qui peuvent nous donner satisfaction d’ici 2 années. Le Cameroun aussi a connu sa traversée du désert, mais aujourd’hui cette équipe se porte mieux.

• Au fait, comment es-tu arrivé à canal + ?

– Je ne suis pas arrivé là par hasard ou par un quelconque favoritisme. Il y avait 5 pays en compétition. J’étais le représentant ivoirien. C’est à l’issue d’un casting que j’ai été retenu. On a tout enregistré à Abidjan. La volonté de Gondwana, c’est de tout faire en Afrique.

• Où en es-tu avec Gondawana City Prod ?

– Avec toute l’équipe composée de Mamane,Gohou, Adama Dahico, Boukary et moi-même, nous sommes en ce moment sur un vaste projet. Notamment, celui d’une émission baptisée «Le Pari» qui va être diffusée sur Canal. Cette émission va regrouper tous les meilleurs humoristes de l’Afrique Francophone à Abidjan dans les prochains mois. Il y a encore le projet d’un long métrage qui va être tourné essentiellement en Afrique. Pour tout cela, nous avons conclu avec le groupe Canal. Comme vous le voyez, on travaille.

• Avec Gondwana, c’est une autre dimension de ta carrière qui est entamée ?

– Tout à fait. Depuis 3 ans, c’est Gondwana City qui gère mon image. C’est plus professionnel, les choses ne se feront plus comme par le passé. Et puis, voyez-vous, un artiste ne peut pas à lui seul réfléchir et planifier son travail en même temps. A chacun sa tâche.

• Parle-nous de ta venue à Gondwana City ?

– J’étais en tournée avec Gohou, Bohiri et Nastou en Europe.

Et l’équipe de «+ d’Afrique» à Paris, qui a entendu parler de nous, nous a invités pour participer à l’émission avec un certain Mamane. On a compris qu’on pouvait être complémentaire, sortir ensemble de bonnes idées et faire valoir l’humour africain.

• A quand donc ton «One man show» ?

– C’est pour bientôt. Je le prévois pour 2015. Je vais l’intituler ‘’La Gare de Gagnoa 2 ’’

• Comment vois-tu le milieu humoriste ivoirien aujourd’hui ?

– Il y a du travail à faire. Beaucoup à faire. Tout le monde aujourd’hui se lève et se dit humoriste. Pourvu qu’il sache conter des blagues. Non, l’humour, ce n’est pas l’art de conter des blagues. Il faut concevoir et écrire des textes. Mais aussi aller se former, il y a l’INSAAC qui existe. Il faut aussi accepter de venir prendre des conseils auprès des doyens dans le métier.

• Qu’est-ce qui manque aujourd‘hui à ta carrière ?

– Le tapis rouge de Cannes, c’est vraiment l’objectif numéro 1 pour moi aujourd’hui. ça sera la plus grande récompense de mes efforts.

• On dit souvent que tu parles mal dans ton humour, partages-tu cet avis ?

– Je ne parle pas mal, je dis la vérité, c’est tout. Il ne faut pas confon-dre les deux choses. L’Africain n’aime pas la vérité. Quelqu’un qui ne s’est pas lavé pendant deux jours, je lui dis, ‘’mon ami tu ne t’es pas lavé”. Où es le mal ? Mais c’est mal pris par l’Africain, qui se sent automatiquement vexé. Ceux qui me connaissent, mon entourage, savent que je n’ai pas ma langue dans ma poche.

• Tu fais rire les gens, t’arrive-t-il souvent de t’énerver ?

– Je suis un être humain, comme tout le monde. Il m’arrive aussi d’être impulsif.

• Qu’est-ce qui peut te mettre hors de toi ?

– Ça dépend. Si c’est quelque chose qui peut t’emmener à être hors de toi, c’est clair que tu t’énerves tout de suite.

• Dis, tu as combien de cravates chez toi ?

– Beaucoup quand même. Mais je les mets rarement. Seulement que quand je suis invité quelque part.

• Combien de cravates avais-tu exactement lors du Mondial de foot ?

– Beh…(Il réfléchit), plus d’une vingtaine, je crois bien. Il y en avait de toutes les couleurs pratiquement. Lors du Mondial, il y avait une costumière qui s’en occupait. Moi je suis assis et elle choisissait une cravate bien précise en fonction du décor et du sujet du jour.

• OK, la Coupe du Monde est finie, que sont devenues les cravates de Digbeu ?

– Je ne les ai pas jetées en tout cas, elles sont en lieu sûr. Je les ai soigneusement rangées dans mon placard, on ne sait jamais. Justement, elles vont probablement revenir à la prochaine CAN (Coupe d’Afrique des Nations) au Maroc.

• Ah bon !

Oui, le Prof de Foot sera de retour à la fête du football africain au mois de Janvier 2015. Nous sommes en train de tout caller avec l’équipe de Canal+.

• Côté cœur, qui partage la vie de Digbeu Cravate ?

– C’est une excellente femme que j’ai rencontrée et que j’ai épousée il y a quelques années de cela. Je suis aujourd’hui père de trois charmantes filles, la première a 10 ans.

• Quel genre de père es-tu pour tes enfants ?

– Un père exemplaire, soucieux de l’avenir de ses enfants. Je souhaite pour elles qu’elles aient un bon mari et du bon boulot.

Enzo D.

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