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La commune de Koumassi a été marquée, dans la soirée par le meurtre du maréchal des logis, Soro Thomas, gendarme, tout sur sa mort.

La commune de Koumassi a été marquée, dans la soirée du dimanche 1er septembre 2018, par le meurtre du maréchal des logis, Soro Thomas, gendarme à l’escadron de commando parachutiste de ladite cité. Les auteurs présumés ne sont autre que des hommes à moto, selon des témoins, les premières enquêtes et le rare témoignage du défunt.

Du coup, ce drame relance le mode opératoire de ces hommes à moto, qui la nuit tombée, écument les rues d’Abidjan pour commettre des forfaits. La plupart du temps, ils sont à deux sur la moto. Ils aiment porter des ténues avec capuche quand c’est sur les grandes voies telles que le boulevard Valérie Giscard d’Estain (Port-Bouët, Koumassi, Marcory, Treichville) et le boulevard Alassane Ouattara (Yopougon-Siporex, Yopougon-Keneya, Yopougon-Sideci), Abobo-Adjamé (ancienne casse Adjamé-Mairie d’Abobo, Pk 18 Agripac). Sur les petites voies ou rues des quartiers, pour ne pas attirer l’attention, ils font descendre en arrière la capuche, pour se mettre dans la peau de simples motocyclistes.

Autre stratégie et non des moindres pour détourner l’attention, ils « déshabillent » la moto, selon leur jargon. Cela consiste à enlever la plaque de la moto. Cela donne l’impression que ce sont des mécaniciens en essai ou en train de conduire une moto vers un garage.

Cette posture a eu raison de plusieurs personnes victimes des hommes à moto qui se faufilent entre les voitures en cas d’embouteillage. C’est le cas de K.T Ange, agent contractuel à la zone industrielle de Koumassi. « Aux environs de 21h, je marchais le long du boulevard du Gabon, au niveau de la Sogefhia. Je communiquais avec mon téléphone portable, lorsque des individus à motos sont venus dans mon dos, pour me l’arracher. J’étais tellement tétanisé que je les ai vus s’éloigner rapidement sans même appeler secours. Leur moto n’avait pas d’immatriculation », nous a-t-il expliqué, le mardi 4 septembre 2018, hésitant à porter plainte au commissariat de Police du 36e arrondissement, non loin de là.

Même infortune pour Koffi Ignas, étudiant qui a été surpris le vendredi 7 septembre 2018. « J’étais sur le boulevard du 7 décembre à Koumassi, lorsque deux hommes à motos m’ont arraché mon téléphone. Le temps de crier au secours, ils ont disparu derrière le foyer des jeunes », s’est-il confié à nous lorsque nous nous sommes rendus chez lui à la Sicogi.

Armes, période d’action… Il y a deux catégories de bandits à moto. Il y a la première catégorie, celle qui possède des armes à feu. Ces auteurs se sont spécialisés dans la filature de leurs victimes. Bénéficiant de certaines complicités, ils suivent leur cible jusqu’à une période qu’ils jugent propice ; généralement à un feu tricolore, à une interception ou à la faveur d’un ralentissement. La seconde catégorie où il y a plus d’animateurs, utilise des armes blanches, notamment des couteaux, des sabres et des machettes. Ces armes sont portées par le passager de la moto

Si la première catégorie opère généralement en pleine journée, avec quelquefois un programme lié à leur cible, la seconde catégorie agit presque la nuit tombée. Peu après 20h, cette catégorie devient plus active, car cette heure coïncide avec le retour des travailleurs dans leurs différentes communes en vue de rallier leur domicile. Les plus grandes victimes sont celles qui arrivent aux environs de 21h et surtout les porteuses de sacs (à main ou autres)

À moto, ils heurtent légèrement leur victime. Lorsque celle-ci croit avoir échappé à un accident sérieux en se palpant, l’un des motocyclistes, généralement le passager, profite pour arracher ce qui semble être important (sac, téléphone) : ce sont souvent les femmes qui sont visées.

Le 6 août 2018, une dame en a été victime à Marcory-remblais (terminus des bus 03), peu après 20h. Le vol à motos n’a toujours pas réussi à leurs auteurs. Des populations ont apporté la réplique en venant au secours des victimes. Le 22 mars 2018, non loin de la pharmacie Canal (Marcory), après avoir arraché le téléphone-portable d’une jeune fille, la foule a réussi à maîtriser les voleurs à moto. Ils ont été tabassés et leur motos incendiées. Il a fallu la police pour leur éviter le pire. Dans le courant du mois de mai 2017 à Cocody, deux autres motocyclistes ont lourdement chuté, après avoir arraché son portable à un étudiant, dans les environs de l’Ecole de Police. Ils ont utilisé les égouts comme cachette. En Novembre 2017, à Marcory résidentiel, non loin d’une station-service, deux acolytes à moto ont été appréhendés après avoir arraché le sac à main d’une dame. Le sac qui contenait 500 francs Cfa, a été restitué à la victime, et les auteurs remis à la Police. En octobre de la même année, à Abobo deuxième arrêt, la police a mis fin à la manœuvre de O. Mamadou et de Traoré S., deux motocyclistes, auteurs présumés d’agression suivie de vol de portables, de portefeuille. Le dimanche 26 août 2018, ces voleurs à moto se sont signalés à Yopougon, dans les environs de l’hôtel Kimi. Après avoir arraché le téléphone-portable d’une dame, ils ont été déséquilibrés par un taxi dont le chauffeur a suivi tout le mouvement. Ils ont finalement abandonné leur moto après leur chute, et ont pris la fuite en se jetant dans le grand caniveau

Stratégie policière. Les forces de Police, qui adaptent leur stratégie de traque à ces bandits de nouvelle génération, ont dévoilé un pan de ladite stratégie. « Lorsque nous les arrêtons pour contrôle, nous fouillons les deux, car c’est le passager qui porte généralement l’arme », a confié un officier, commandant de corps urbain d’un commissariat de Police de Koumassi. Quant à l’un de ses collègues du district de Yopougon, qui partage ses locaux avec le commissariat de Police du 16e arrondissement, il a levé un coin du voile sur la stratégie. « Nous allons toujours à 2 ou 3 pour le contrôle, afin d’être certains qu’un motocycliste suspect ne puisse pas nous échapper ».

« Ce phénomène d’attaque à moto a pris de l’ampleur depuis 2017. C’est pourquoi, nous avons pris des dispositions dans ce sens », nous a révélé un capitaine major de la Police. C’est en cela qu’il faut comprendre l’Opération Epervier 3, lancée le 21 septembre 2017 à la place Figayo de Yopougon, qui consiste entre autres, à « effectuer le contrôle d’engins motorisés à deux roues utilisés comme moyen de commission d’infractions ». En seulement dix jours, la Gendarmerie, la Police et des unités d’intervention, à savoir le Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo), les Compagnies républicaines de sécurité (Crs) ont saisi deux mille deux cent quatre-vingt-neuf (2289) motos. Le tiers des 939 couteaux et 138 machettes a été arraché aux motocyclistes qui en étaient armés.

En juillet 2018, une autre opération dite de Vacances sécurisée, a permis également de mettre la main sur 472 armes blanches (couteaux, machettes, faucille…), une bonne partie appartenait aux motocyclistes qui ont d’ailleurs été arrêtés. Depuis le jeudi 4 octobre 2018 et ce, jusqu’à une période indéterminée, l’Opération Epervier 4 a été mise en route, afin de venir à bout de ce phénomène qui a fait de nombreuses victimes. Abidjan fait face à un nouveau mode opératoire dans l’agression, œuvre des hommes à moto. Si les forces de l’ordre ont réussi à neutraliser certains de ses animateurs, toutefois le phénomène se poursuit pour le malheur des populations.

M’BRA Konan

linfodrome.com

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