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France/ violences policières: les sportifs français s’expriment contre

La vidéo du passage à tabac d’un producteur de musique noir aux mains de policiers a suscité l’indignation de plusieurs grands noms du sport, comme les footballeurs Kylian Mbappé, Antoine Griezmann, ainsi que les basketteurs Rudy Gobert et Evan Fournier.
Les sportifs français emboîtent-ils le pas des Américains ? La vidéo du passage à tabac à Paris d’un producteur de musique noir par la police suscite l’indignation et plusieurs grands noms du sport tricolore y sont allés de leur message, comme les attaquants de l’équipe de France Antoine Griezmann, Kylian Mbappé et Marcus Thuram.

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“J’ai mal à ma France”, a écrit Antoine Griezmann jeudi, un tweet accompagné de la vidéo du média Loopsider montrant un producteur roué de coups par des fonctionnaires de police dans l’entrée d’un studio de musique du 17e arrondissement de la capitale. L’attaquant star des Bleus mentionne le compte du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lequel a annoncé la suspension de trois agents après le tollé suscité par la vidéo, retweetée plus de 125 000 fois.

C’est ensuite son coéquipier sous le maillot des Bleus Kylian Mbappé qui a dénoncé “une vidéo insoutenable” et “des violences inadmissibles”, en légende d’une photo du visage ensanglanté du producteur. Le champion du monde 2018 a ajouté les paroles d’une chanson de la rappeuse Diam’s intitulée “Ma France à moi” et a conclu son message en écrivant “STOP AU RACISME”.
Marcus Thuram, qui avait mis un genou à terre dimanche 31 mai pour célébrer un but en hommage à George Floyd, ce Noir américain tué par la police à Minneapolis, a lui parlé de vidéo “inacceptable”.

Ces prises de position interviennent alors que la France est plongée dans un débat houleux sur les violences policières et la proposition controversée de loi “sécurité globale”, qui prévoit entre autres de pénaliser la diffusion malveillante d’images de policiers et est vivement combattue par des ONG et syndicats de journalistes.

“Qui nous protège de la police ?”

“Sans les vidéos il se serait passé quoi pour Michel ? On aurait préféré croire la version des policiers sous serment ? #commedhab”, réagit le champion du monde Benjamin Mendy, dans un tweet accompagné d’une photo du slogan “Qui nous protège de la police ?” collé sur un mur.
“Contre cette frange de policiers qui outrepasse grandement ses droits en tabassant, en tuant même parfois. Nos caméras sont nos meilleures armes !”, abonde l’international Espoirs Jules Koundé.

“Continuez à tout filmer ! Ceux qui font bien leur boulot auront une bonne image. Et les lâches et menteurs continueront d’être exposés. Que ça soit d’un sens ou d’un autre”, a de son côté tweeté Rudy Gobert, le pivot vedette d’Utah.
La France est régulièrement secouée et divisée par des affaires de violences commises par les forces de l’ordre, parfois mortelles, comme dans les cas de Cédric Chouviat, livreur mort étouffé après son interpellation en janvier 2020, ou d’Adama Traoré, mort en 2016 dans des circonstances controversées après son interpellation par des gendarmes et érigé en symbole des violences policières.

L’international français Samuel Umtiti et les basketteurs de NBA Evan Fournier (“Combien de Michel sans vidéo de surveillance ? Sans caméra ? Sans voisin pour filmer ?”) et Timothé Luwawu-Cabarrot (“Dégoûtant”) se sont également immiscés dans les débats.

Leurs prises de position sont d’autant plus fortes qu’elles sont rares en France, où les sportifs engagés comme Dominique Rocheteau, Lilian Thuram ou Vikash Dhorasoo ont toujours été très minoritaires.

Une exportation de Black Lives Matter ?

Un mouvement qui semble suivre la tendance aux États-Unis, où se positionner sur les sujets de société n’est plus tabou pour les sportifs.

Le joueur de football américain Colin Kaepernick, première star du sport à dénoncer le racisme et les violences policières aux États-Unis, avait ouvert la voie en 2016, au prix de sa carrière sportive. Tout comme la très militante footballeuse Megan Rapinoe, dont la victoire à la Coupe du monde 2019 a servi de porte-voix à son combat pour l’égalité salariale et contre Donald Trump.

En 2020, la mort de George Floyd, père de famille noir tué lors d’un contrôle de police à Minneapolis, a fait sortir de leur silence de nombreux sportifs des ligues majeures nord-américaines.
En basket, les joueurs de NBA, la superstar LeBron James en tête, et les joueuses du Championnat WNBA se sont largement mobilisées pour le mouvement “Black Lives Matter” (“La vie des Noirs compte”). Rapidement rejoints par d’autres athlètes et franchises de baseball, football ou hockey sur glace.

Le genou à terre, geste symbole de cet engagement, a ensuite fait le tour du monde, y compris repris par des footballeurs français comme Marcus Thuram.

Et fin octobre, plusieurs figures du foot français s’étaient immiscées dans le très sensible débat autour des caricatures de Mahomet, le prophète de l’islam, après l’assassinat du professeur Samuel Paty pour avoir montré ces dessins en classe.

Presnel Kimpembe, Karim Benzema ou Mamadou Sakho avaient “liké” un message sur Instagram du sulfureux lutteur russe Khabib Nurmagomedov dénonçant ces caricatures. Kimpembe avait ensuite rétropédalé, retirant son “like” et affirmant sur Twitter : “Je fais du sport, pas de la politique. Je ne parle pas russe non plus. Je condamne fermement le terrorisme, toutes formes de violence sans aucune réserve, et toutes les tentatives de manipulation nauséabondes”.

Avec AFP

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