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Coût élevé du transport : le calvaire des travailleurs abidjanais ( reportage)

Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire compte de nombreuses entreprises qui embauchent des milliers de personnes quels que soient leurs lieux d’habitation. Une situation qui crée des difficultés chez certains travailleurs à cause du coût élevé du transport à Abidjan. Face à cette situation, certains employés choisissent de trouver une maison vers leur lieu de travail. Certains par contre préfèrent se déplacer au quotidien soit d’une commune à une autre ou soit d’une ville à une autre.

Le cri de détresse des travailleurs


L’une des plus grandes difficultés à Abidjan reste le problème de l’emploi. Alors on accepte les emplois quelles que soient les contraintes. C’est le cas d’Alain Kouamé, résident à Bingerville, ville située à environ 15 km d’Abidjan. Il travaille au sein d’une entreprise industrielle situé à Treichville au sud de la capitale économique. Alain Kouamé dépense en moyenne 50 000 FCFA le mois pour un salaire net d’environ 125 000 FCFA : « Si j’enlève le transport dans mon salaire, il ne me reste plus grand chose. Puisque je dois payer la maison, l’eau et l’électricité, ainsi que mes besoins personnels. Je voulais trouver une maison à Treichville, mais elles coûtent deux fois plus chère qu’à Bingerville où je réside. Je n’arrive pas à faire des économies. Nous demandons donc à l’Etat de revoir la prime de transport à la hausse. », Lance-t-il. Un cri du cœur.
Tout comme Alain Kouamé, plusieurs employés quittent leurs domiciles à 4 heures du matin pour être au bureau à 07 heures 30 à cause des distances à parcourir. C’est le cas de Sidonie Ange Konan qui vit à Dabou à environ 45 km de la capitale économique et se déplace tous les jours pour arriver au plateau, cité des affaires dans une entreprise d’assurance où elle fait un stage : « Je suis obligée de me réveiller très tôt le matin pour aller au travail. Je dépense au moins 3 000 FCFA par jour et sans compter la nourriture. C’est vraiment difficile pour une prime de stage de 70 000 FCFA le mois. Je suis obligée de faire un petit commerce les week-ends pour subvenir à mes besoins. Ma chance est que je vis encore en famille. Mais je me retrouve sans économie. », S’insurge-t-elle avec beaucoup d’émoi.

Les mesures du gouvernement ivoirien


Pourtant, le 30 janvier 2020, le ministère ivoirien de l’Emploi et de la protection sociale, Pascal Abinan, a pris un arrêté pour revaloriser la prime mensuelle de transport dans le secteur privé, avec une augmentation de 5 000 FCFA pour le District autonome d’Abidjan. Cette mesure concerne toutes les entreprises soumises à la loi No 2015 – 532 du 20 juillet 2015. Donc la nouvelle prime de transport sur salaire est passée de 25 à 30 000 FCFA. Malheureusement, cette prime est inférieure aux dépenses effectuées dans le transport par les employés aux revenus moyens.
Le rôle de la Sotra et ses limites
La Société des Transports Abidjanais (SOTRA) dispose d’un réseau de 68 lignes urbaines dont 12 lignes express et 3 lignes de bateau-bus. En moyenne, chaque jour, la SOTRA parcourt 108 188 km et transporte 800 000 passagers. Pourtant, elle peine à couvrir le besoin en transport occasionnant ainsi la création de plusieurs structures de transports privés intercommunales. Avec la densité des populations et la création de plusieurs quartiers dans les périphéries d’Abidjan notamment Dabou, Bassam, Bingerville et Anyama, la Sotra a créé des lignes pour les relier à Abidjan. Cependant, la société d’Etat peine à satisfaire tous les usagers. C’est justement pour palier à ce déficit qu’un partenariat a été signé avec Star Auto à l’occasion de la 7ème édition du marché des transports en Afrique de l’Ouest (Matao), afin de soutenir le gouvernement dans le domaine du transport. Il s’agit de la fourniture d’un minibus de 7 places et d’environ 500kg pour un coût unitaire compris entre 4 et 9 millions de FCFA.
Les bus ne pouvant pas transporter tous les Abidjanais, les transporteurs privés d’Abidjan, taximan et Gbaka, font de la spéculation aux heures de pointe et augmentent illégalement le coût du transport. Un phénomène qui impacte sur les revenus des travailleurs : « Normalement, sur l’axe Abobo-Adjamé, le transport par passager s’élève à 200 FCFA. Mais souvent, aux heures de pointe, on augmente à 250, 300 voire même 500 FCFA à cause des syndicats qui nous exigent de donner plus à cause du monde présent. », Explique un conducteur de Gbaka qui a décidé de garder l’anonymat.
Exceptés, l’axe Abobo-Adjamé, la commune de Cocody est aussi très critiquée pour ces coûts élevés en transports en commun. Pourtant, ce sont les mêmes qualités d’essences qu’utilisent ces taximen que les autres communes, s’indigne madame Gbané Maïmouna, résidente de la commune de Cocody-Angré et employé dans une société d’assurance à Yopougon Sicogi : « Le coût du transport est élevé à Abidjan, c’est vrai. Mais à Cocody, c’est pire. Sur une petite distance, ils peuvent de demander 300 FCFA. Aux heures de pointe, c’est grave. J’emprunte au terminus 81-82 tous les matins pour le carrefour la vie à 500 FCFA dans la même commune. Mais de Cocody à Yopougon, j’emprunte 300 FCFA. Ce n’est pas normal. La mairie doit faire quelque chose. Je le ressens tellement sur mes revenus mensuels que j’envisage de réaménager vers mon lieu de travail à Yopougon. », S’insurge-t-elle tout en confiant qu’elle dépense plus de la moitié de son salaire dans le transport au travail.

En attendant des mesures, les travailleurs abidjanais vivent le calvaire au quotidien.

Prince Khalili, AbidjanTV.Net

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