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Commerce sur les routes à Abidjan : dans l’univers des ’’banabanas’’ ( reportage)

Les commerçants ambulants communément appelés ’’Banabanas’’ sont
nombreux aujourd’hui dans la capitale économique Abidjan. Ils se faufilent
entre les véhicules et proposent aux usagers des articles et produits à des prix souvent dérisoires, au grand bonheur des acheteurs. Des articles souvent de bonne ou de mauvaise qualité dont la provenance reste inconnue.
 
 Le problème de l’emploi des jeunes reste parmi les grands défis à relever en Côte d’Ivoire. Ainsi, certains jeunes diplômés sont donc contraints de quitter leurs zones de confort pour prendre des initiatives privées en privilégiant l’auto-emploi. C’est le cas de Diallo Isaac, qui a arrêté les études en classe de 3ème à l’âge de 15 ans, pour se consacrer à la vente sur les routes dans la commune d’Abobo dokui. Selon lui, il est plus facile de se faire de l’argent dans ce domaine, car la rentabilité est rapide et instantanée. 


Comment trouvent-ils les marchandises ?

Si les usagers préfèrent acheter des articles chez ces commerçants  ambulants, plusieurs ignorent la provenance de leurs marchandises. Selon certaines sources, elles proviendraient du port d’Abidjan où des stocks seraient éventrés. Une accusation que rejettent certains commerçants. À entendre Diallo, ces marchandises proviennent de divers endroits selon le vendeur qui le commercialise. En ce qui le concerne, il sous-traite avec des commerçants du marché d’Adjamé qui ont des magasins. Il va leur prendre des marchandises non vendues depuis des mois avec les détenteurs de ces magasins de grande surface pour ensuite les liquider à vil prix. Par exemple, pour le mois de novembre, Diallo  a acheté une torche d’une valeur de 5 000 Fcfa à 2000 Fcfa. Il a pu la vendre quelques semaines après à 3 000 Fcfa, soit un bénéfice de 1000 Fcfa. 
Contrairement à lui, Ibrahim, 28 ans, nous explique que ses marchandises sont importées de l’étranger. Il a un circuit d’achat depuis la frontière ivoiro- ghanéenne Noé. Son fournisseur achète des marchandises et passe par cette frontière en complicité avec des agents de régulation. Ce fournisseur lui revend les marchandises à un prix accessible. Et comme il n’a pas de magasin de stockage, il les met à la maison et les commercialise tout en espérant s’offrir un
magasin un jour. Il avoue que les marchandises ne sont pas toujours de bonne qualité excepté celles qui sont liquidées à travers les grandes surfaces.
Comment font-ils pour se protéger contre les véhicules ?

Ce métier représente d’énormes risques. Sur les routes, les véhicules et les
motocyclistes roulent souvent à vive allure mettant ainsi la vie des usagers ainsi que des ’’Banabanas’’. De plus, certains acheteurs s’en vont avec les
marchandises sans donner de l’argent au vendeur. Généralement, les
marchandises sont présentées aux clients lorsque le feu est rouge. C’est pendant cette période que toutes négociations se font. D’autres par honnêteté donne ou même jettent l’argent avant de partir. Des risques qu’Ibrahim notre vendeur déplore : « Nous sommes exposés du matin jusqu’au soir. L’année dernière, j’ai un ami qui s’est fait renverser par un véhicule personnel. À notre grande surprise, il a fui et nous n’avons pas eu le temps de relever son numéro
d’immatriculation. Moi-même il y a un client qui est parti avec ma marchandise sans même me donner mon argent. Et aussi la mairie nous demande de payer des taxes, choses que nous refusons” précise-t-il.
 
Une activité illégale qui nourrit son homme
Malgré l’interdiction de cette activité par les autorités ivoiriennes, les vendeurs ambulants ou encore ’’Banabanas’’ se font facilement de l’argent et ne s’en plaignent pas malgré les difficultés relatées. Selon un agent de la mairie de

Cocody joint au téléphone, cette activité est illégale : « Il n’y a pas de taxes à
imposer à cette activité puisqu’elle est illégale. Quand on saisit leurs
marchandises, elles sont envoyées au service technique de la mairie ou elles
seront stockées par la suite. », A-t-il expliqué. Chaque mois, Diallo réussit à
rentabiliser ses investissements avec parfois un bénéfice allant de 25 à 50
mille Fcfa. Pour sa part, Ibrahim parvient à subvenir à ses besoins avec un
revenu mensuel allant de 100 à 150 mille Fcfa. Avec ce métier, il arrive à
subvenir aux besoins de sa famille et payer la scolarité de sa fille
Fatoumata âgée de 6 ans et en classe de CP.
 

Prince Khalil, AbjdjanTV.Net

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