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Côte d’Ivoire : Cinq choses importantes à savoir sur le procès historique de Simone Gbagbo

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Le procès de Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés s’est ouvert vendredi 26 décembre au palais de justice d’Abidjan. Cheveux tressés, vêtue d’une robe en soie de couleur jaune, elle a fait son entrée dans la salle sous les applaudissements et les vivats du public. Elle s’est ensuite installée au premier rang dans le box des accusés aux côtés de Pascal Affi N’Guessan, l’homme que Simone, “la dame d’acier”, avait giflé au retour de la conférence de Marcoussis, en France, en janvier 2003.

En résidence surveillée à Odienné, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire depuis son arrestation en avril 2011, l’ancienne Premier dame de Côte d’Ivoire a été transférée dans la capitale ivoirienne le 1er décembre en fin de matinée. Elle est depuis détenue à l’école de gendarmerie d’Abidjan. Voici les principales clés pour comprendre un procès historique.

Un procès retardé
Initialement, les audiences devaient débuter le 22 octobre. Le procès a finalement été reporté sine die le jour même, officiellement pour des raisons logistiques. Le retard pris était également lié à une recomposition nécessaire du jury, dont l’origine ethnique des membres, proche de celle du président Alassane Ouattara, aurait pu causer des suspicions à l’heure du verdict. “Il faut tenir compte de l’environnement politique, il s’agit d’un procès politique”, déclarait au moment du report Affoussiata Bamba-Lamine, la porte-parole adjointe, par ailleurs ministre de la Communication.

Le début du procès, vendredi, coïncidera avec la rentrée solennelle des assises. “Ensuite, il va certainement avoir une désignation de nouveaux jurés suivi du début des audiences. Les prévenus seront présents”, a expliqué à l’AFP l’un des avocats de Simone Gbagbo. L’audience de procédure de l’ancienne Première dame a eu lieu le 8 décembre. Elle fut présentée au président de la Cour d’assises pour l’audience d’interrogation sur son identité. Peu de temps après son arrivée à Abidjan, elle avait déjà accepté de répondre aux questions d’un juge ivoirien sur la disparition du journaliste français André Kieffer le 16 avril 2004.

Les auditions des prévenus débuteront le 5 janvier.

Un seul chef d’accusation
Depuis son inculpation, le 18 août 2011 par la justice ivoirienne, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire est poursuivie pour trois crimes majeurs : “atteinte à la sûreté de l’État, crimes de sang et crimes économiques”. Mais le procès qui s’ouvre à Abidjan ne concerne que le premier chef d’inculpation, celui l’atteinte à la sûreté de l’État.

L’inculpation de l’ex-première dame pour “crimes de sang” est examinée par un autre juge d’instruction ivoirien, qui a déjà interrogé la prévenue mais n’a pas encore transmis son dossier au parquet d’Abidjan.

Le procès des pro-Gbagbo
Simone Gbagbo n’est pas la seule à comparaître vendredi. Elle sera accompagnée par 82 co-accusés, tous membres du camp de l’ancien président ivoirien. Parmi eux : Michel Gbagbo (le fils franco-ivoirien de la première épouse de Laurent Gbagbo), Aboudramane Sangaré (le premier vice-président du FPI), Gilbert Aké N’Gbo (le Premier ministre éphémère du camp Gbagbo pendant la crise postélectorale de 2010-2011) et Pascal Affi N’Guessan (le président du FPI).

Le contentieux avec la CPI
La femme de l’ancien président ivoirien est également dans le viseur de la Cour pénale internationale (CPI). Le 11 décembre, la juridiction internationale a une nouvelle fois demandé à la Côte d’Ivoire de lui livrer Simone Gbagbo. Par peur de troubles politiques, Abidjan refuse, soulevant une “exception d’irrecevabilité” et contestant la compétence de la CPI, qui ne peut poursuivre un suspect que si la justice nationale ne peut pas ou ne veut pas le faire. Du côté de La Haye, on estime que les poursuites engagées en Côte d’Ivoire ne portent pas sur les mêmes accusations, rejetant dès lors l'”exception d’irrecevabilité”.

Le gouvernement ivoirien “va se donner le temps de (l’) analyse et revenir avec une position claire”, a promis Bruno Koné, porte-parole du gouvernement ivoirien. Selon lui, la Côte d’Ivoire, “respectueuse des engagements qu’elle prend”, a aussi “des principes qu’elle souhaite voir respectés”. Être le premier chef d’État à envoyer une femme devant cette cour, devoir ensuite transférer à La Haye des gens de son propre camp, reformer le couple Gbagbo à La Haye… Les raisons pour lesquelles les autorités ne souhaitent pas livrer Simone Gbagbo ne manquent pas.

La crise au FPI
Le procès va s’ouvrir dans un contexte de crise ouverte au sein du Front populaire ivoirien (FPI). Deux camps s’opposent. Le premier, qui fait de la libération de l’ancien président ivoirien “le cœur de la stratégie de lutte du parti”, veut voir Laurent Gbagbo désigné à la tête du FPI bien qu’il est emprisonné depuis trois ans à la Cour pénale internationale pour “crimes contre l’humanité”. Le second soutient l’actuel patron du parti Pascal Affi N’Guessan, opposé à l’ex-chef de l’État dans ces élections internes, qui souhaite participer à l’élection de 2015 sous la bannière de la principale formation d’opposition.

Le 4e congrès du parti, qui devait se tenir du 11 au 13 décembre, a finalement été interdit par les autorités à la demande d’Affi N’Guessan. Ce dernier a contesté devant la justice la validité de la candidature de Gbagbo. Hasard du calendrier, c’est également le 26 décembre quelle doit rendre son verdict

Jeuneafrique

 

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