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France /Côte d’Ivoire:celui qui a pris les décisions les plus lourdes des guerres de Sarkozy quitte l’Elysée

le général Puga france

Élysée : Hollande perd son collaborateur cinq étoiles

C’est l’un des collaborateurs les plus discrets, mais aussi l’un des plus proches et plus efficaces du chef de l’Etat : le général Puga, l’homme de toutes les guerres du président, va bientôt quitter le Palais.Élysée : Hollande perd son collaborateur cinq étoiles

C’est l’un des collaborateurs les plus discrets, mais aussi l’un des plus proches et plus efficaces du chef de l’Etat : le général Puga, l’homme de toutes les guerres du président, va bientôt quitter le Palais.

Palais de l’Elysée (Paris, VIIIe), le 1er octobre 2014. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy chef d’état-major particulier du président de la République, le général Benoît Puga a gardé son poste sous François Hollande. Il l’a ainsi accompagné au plus près lorsque le chef de l’Etat a pris la décision d’intervenir au Mali, en Centrafrique, en Irak et en Syrie. (AFP/Alain Jocard.)

C’est l’ombre du chef de l’Etat. L’homme de tous les déplacements à l’étranger, de toutes les crises, de toutes les guerres. Un soldat pas comme les autres qui suit à la trace François Hollande depuis son élection, en 2012. Toujours impeccable en grand uniforme, l’air goguenard sous son képi de général cinq étoiles, Benoît Puga, 63 ans, est le chef d’état-major particulier (CEMP) du président et occupe à ce titre un rôle clé dans le dispositif de l’Elysée.

C’est l’homme qui a conseillé au plus près le président lorsque celui-ci a pris les décisions les plus lourdes qui soient : le déclenchement de trois opérations de guerre. Au Mali (Serval), en Centrafrique (Sangaris), mais aussi en Irak et en Syrie (Chammal). Bien plus que sous Sarkozy.

« C’est probablement l’une des personnes qui voit le plus le président », confie un proche du chef de l’Etat. Mais dont François Hollande va devoir se passer, dès cet été, lorsque cet ancien patron des forces spéciales puis de la Direction du renseignement militaire (DRM) quittera son bureau, situé dans un bâtiment à deux pas de l’Elysée. Un départ parmi d’autres (lire encadré)mais qui va bouleverser le quotidien de Hollande. « Puga est toujours là. Matin, midi et soir, il passe une tête dans le bureau du président. Il lui remet une note, lui communique des informations confidentielles », raconte un habitué du Château. C’est aussi la voix des nouvelles essentielles, qu’elles soient heureuses (libération d’otages) ou dramatiques (décès de soldats). Au fil du temps, le visage du puissant conseiller militaire est devenu familier, s’est imposé à l’Elysée.

Une proximité sur laquelle peu avaient misé au début du quinquennat. Comment imaginer que deux profils si différents puissent travailler ensemble ? D’un côté, ce général nommé par Nicolas Sarkozy en 2010, père de onze enfants, catholique fervent tendance traditionaliste, fidèle des prêches de Saint-Nicolas-du-Chardonnet (Paris Ve), où l’on pourfend le mariage pour tous. De l’autre, un président socialiste tendance laïcarde, devenu père de quatre enfants sans jamais se marier. « Pourtant, ils se sont tout de suite bien entendus, rapporte un diplomate de haut rang. Puga est un militaire intelligent, habile, extrêmement légitimiste et loyal qui s’est tout de suite mis dans la main de Hollande. »

Ceux qui le côtoient louent sa maîtrise des dossiers. D’autant que « le CEMP ne parle jamais de ses idées personnelles », assure un collaborateur de Hollande. En quatre ans, les deux hommes ont bâti une véritable relation de confiance. « Puga a une façon très simple de le rassurer. Il fait appel au bon sens. Il s’exprime sans ambages et sait être urticant », ajoute un proche du président. Son franc-parler a parfois heurté l’ouïe douillette des diplomates habitués à un langage plus feutré. « Il parle cash. Il peut dire j’en ai rien à foutre sans fard », se remémore l’un d’eux.

Un collaborateur de l’Elysée avance une autre hypothèse : « Quand on n’est pas du même bord, ton meilleur conseiller, c’est celui qui ose critiquer parce qu’il n’est pas dans la courtisanerie. Or Puga dit quand il n’est pas d’accord. Il agit comme une sorte de boussole. » D’autres recourent à la psychologie pour expliquer leur proximité. « Il y a des similitudes dans les profils très droitiers du père de Hollande et du général Puga, avance un haut gradé. Cela a sans doute aidé à construire une relation si soudée. »

Atypique, ce duo se séparera cet été. Pour lui succéder, l’amiral Bernard Rogel, actuel chef d’état-major de la marine, fait figure de favori. Le poste le plus prestigieux convoité par les étoilés, celui de chef d’état-major des armées, a été soufflé à Puga par le général Pierre de Villiers, en 2014. Le futur ex-chef d’état-major particulier devrait toutefois prendre la succession de Jean-Louis Georgelin à la tête de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur. Une institution chère au cœur de l’armée, présidée par le chef de l’Etat qui en est le « grand maître ». Façon pour Puga de rester, encore, dans l’ombre du président.

Remue-ménage à l’Elysée
Il est l’heure de faire ses cartons à l’Elysée. Selon « le Monde », quatre collaborateurs de François Hollande organisent leurs pots de départ aujourd’hui. Et à un an de la présidentielle dont l’issue est plus qu’incertaine pour la gauche, on ne se précipite pas pour jouer les remplaçants à l’environnement, aux collectivités… La parade a été trouvée pour boucher les trous : vive le cumul ! « Certains conseillers en place voient leur portefeuille s’élargir », confie un collaborateur du palais. Depuis qu’Audrey Azoulay, ex-conseillère culture, est devenue ministre, l’ex-journaliste Nathalie Iannetta a ainsi récupéré une partie de ses attributions. En partance, le directeur de cabinet Thierry Lataste, lui, sera remplacé. « Le président a besoin de quelqu’un pour faire tourner la boutique pendant qu’il sera en campagne », confie un conseiller. Direction de cabinet d’un côté, direction de campagne de l’autre, il est urgent d’éviter tout mélange des genres pour le… président-candidat.
… Et son maître du protocole

Ses petits carnets valent de l’or. Et pour cause : pendant six ans, Laurent Stefanini a pris en notes les petits secrets des visites officielles, des dîners d’Etat, des sommets en tout genre qu’il a dû organiser, en tant que chef du protocole. « Je pars très fier d’avoir servi aussi bien François Hollande que Nicolas Sarkozy », confie cet ambassadeur de 57 ans qui aura fait preuve de maîtrise et d’impartialité jusqu’au bout.

Cet après-midi, le président passera une tête à son pot de départ pour saluer le rôle d’un personnage aussi discret que central. « The right man at the right place (NDLR : l’homme qu’il faut à la place qu’il faut), il connaît les usages diplomatiques », flatte l’ancien conseiller élyséen Aquilino Morelle. Même s’il faut parfois s’adapter… Lorsqu’il accède à l’Elysée en mai 2012, François Hollande, qui n’a jamais été ministre avant son élection, n’a aucune notion du protocole. Pire, le nouveau président est jaloux de sa liberté ! Il faut donc tout le tact d’un Stefanini pour arrondir les angles quand le chef de l’Etat commet son premier faux pas à Camp David, la résidence d’été de Barack Obama, en juin : entêté, Hollande brave le protocole américain « à la cool » pour débarquer dans le chalet en cravate, parmi tous les hôtes en col ouvert !

Des sommets, Stefanini en aura supervisé plus d’un. « Les G 8 et G 20 de 2011 et la COP 21 de l’an dernier resteront mes temps forts », confie-t-il. Mais les relations internationales sont aussi faites de petits tracas que ce polyglotte réputé zen est chargé de déminer en coulisses. Que servir à la reine d’Angleterre lors de sa visite d’Etat en juin 2014 ? « Du foie gras ! » prévient d’emblée Stefanini, qui collectionne les menus des dîners d’Etat du monde entier. A Colleville (Calvados), pour les commémorations des soixante-dix ans du Débarquement, lorsqu’il faut convaincre le Secret service américain sur les dents de laisser des soldats français parader avec leurs baïonnettes à côté de Barack Obama, il s’y colle.

Son plus grand moment de stress ? « La manifestation du 11 janvier, compliquée à monter », lance-t-il sans hésiter. Après le drame de « Charlie Hebdo », il faut alors faire marcher sur 200 m, dans un Paris au risque terroriste maximum, François Hollande, Angela Merkel, Benyamin Netanyahou… Un défi relevé en seulement quelques jours. Laurent Stefanini n’a finalement pas été nommé au poste qu’il souhaitait, et qui lui paraissait promis : l’ambassade française au Vatican. Il représente désormais la France à l’Unesco, poste basé… à Paris. A l’Elysée, il a laissé la place à son adjoint Frédéric Billet.

Éric Hacquemand (@erichacquemand)

.leparisien.fr

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